Aujourd’hui, un témoin a déclaré au procès de Jean-Pierre Bemba qu’il avait envisagé le suicide après avoir subi un viol collectif perpétré par des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), la milice dirigée par l’accusé.
« Pouvez-vous décrire à la Cour ce que vous avez ressenti pendant cette agression ? », a demandé le procureur principal Petra Kneur au ‘‘témoin 22’’ qui témoignait pour la deuxième journée.
« Après qu’ils m’aient brutalisée, que je me sois levée et que j’ai retrouvé toute ma famille, nous avons fui. Ce jour-là, je voulais me suicider », a-t-elle répondu.
L’avocat de l’accusation a demandé si les trois hommes qui l’avaient violée portaient des préservatifs. Le témoin a répondu qu’aucun d’eux ne portait de préservatif. Elle a indiqué que tous trois avaient eu une éjaculation.
Alors que l’avocat de l’accusation continuait à questionner le témoin sur les détails du viol, l’avocat de la défense Nkwebe Liriss est intervenu, arguant que le déroulement de l’interrogatoire pourrait faire revivre au témoin l’épreuve du viol.
Mme Kneur, cependant, a répondu que l’un des quatre éléments établissant l’acte de viol comme crime de guerre était que cet acte avait été commis de force.
Elle a poursuivi : « Nous savons que les victimes ont attendu huit ans pour être entendues devant ce tribunal et elles voudront peut-être saisir cette opportunité pour raconter leur histoire. Aussi, dans une certaine mesure, nous souhaitons la proposer aux victimes pour qu’elles racontent leur histoire. Toutefois, connaissant la volonté de l’accusation à contribuer à la diligence du procès et pour minimiser tout nouveau traumatisme potentiel pour la victime, nous n’interrogerons que très brièvement le témoin, avec de courtes questions directes ».
M. Nkwebe a déclaré que la défense ne souhaitait pas que l’interrogatoire de l’accusation fasse revivre au témoin ce qu’il avait vécu. Il a ajouté, cependant, que tandis que la défense reconnaissait ce qui était arrivé au témoin, « nous avons des réserves concernant les auteurs ».
La défense avait précédemment affirmé qu’il y avait un grand nombre de groupes armés en RCA à l’époque où le MLC était dans le pays et que les milices qui avaient commis des crimes contre les civils n’appartenaient pas au groupe de M. Bemba.
M. Bemba, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) est jugé à la Cour pénale internationale (CPI) puisque, selon les affirmations des procureurs, il n’a pu ni empêcher ni punir ses soldats de violer, tuer et piller en République centrafricaine. Les troupes de M. Bemba étaient présentes en RCA pendant les années 2002 et 2003 pour aider le président en exercice, Ange-Félix Patassé, à écarter une tentative de coup d’état.
M. Bemba a nié les cinq accusations portées contre lui et a déclaré que, une fois que ses combattants avaient traversé la frontière entre la RDC et la RCA, ils étaient sous le contrôle de M. Patassé et non sous le sien.
Le témoin a bénéficié de mesures de protection pour sa déposition, notamment d’un pseudonyme, d’une déformation numérique de son visage et de sa voix et de séances à huit clos pour certaines parties de son témoignage. Cette femme a déclaré avoir été violée dans la maison de son oncle par des soldats du MLC.
Aujourd’hui, le ‘‘témoin 22’’ a également indiqué que les hommes qui l’avaient violée parlaient français, une langue parlé en RDC, et qu’ils avaient mentionné être congolais. Elle a déclaré que, après l’avoir violée, les hommes avaient volé des canards, des poules, des chèvres, des habits et des appareils électroniques dans la maison où elle vivait.
Il est attendu que l’accusation termine son interrogatoire demain après-midi puis que les représentants légaux des victimes participant au procès posent des questions complémentaires au témoin.