Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Mercredi, un témoin a affirmé que c’était des soldats congolais appartenant aux troupes de la milice de Jean-Pierre Bemba, accusé de crimes de guerre, qui avaient voilé des femmes et pillé des biens à Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), entre novembre 2002 et début 2003.

Le ‘‘témoin 87’’, qui a déclaré hier aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) avoir été violé par trois soldats de M. Bemba, a indiqué aujourd’hui qu’au moment où les troupes congolaises sont arrivées à Bangui, les rebelles qui avaient tenté de renverser le président centrafricain s’étaient déjà retirés.

Les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba étaient en RCA à cette époque afin d’aider le président en exercice, Ange-Félix Patassé, à combattre des soldats rebelles qui tentaient de le renverser. Les procureurs de la CPI ont accusé le MLC d’avoir perpétré des viols, des meurtres et des pillages de manière généralisée. Ils ont fait valoir que M. Bemba était pénalement responsable de ne pas avoir empêché ou puni les auteurs de ces crimes. Le procès devant la CPI de M. Bemba, ancien vice-président de la République démocratique du Congo, a débuté en novembre dernier.

Outre le fait de soutenir que M. Bemba n’avait plus le contrôle de ses troupes une fois qu’elles étaient entrées sur le territoire de la RCA, les avocats de la défense ont également affirmé qu’il y avait de nombreuses milices à Bangui à cette période et que ces crimes ne pouvaient être imputés à aucun des groupes en particulier.

Le témoin a toutefois déclaré à la Cour que les soldats qui l’avaient violé, tué son frère et pillé les maisons et marchés de son quartier, parlaient lingala et étaient congolais. « Après que ces soldats [congolais] soient arrivés, je n’ai plus vu d’autres soldats », a-t-elle répondu aux questions du procureur principal Petra Kneur.

Le témoin a également rapporté les derniers mots que son frère avait prononcé avant de mourir lorsqu’il a été abattu par des soldats du MLC attaquant sa maison. La femme a rapporté que, alors qu’elle était toujours derrière la maison après avoir été violée, elle a entendu son frère crier : « Non ! Non ! » suivi de coups de feu.

« Votre frère a-t-il dit autre chose ? », a interrogé M. Kneur.

« Lorsque j’ai entendu sa voix quand il était dans la chambre avec les Banyamulenge [soldats congolais], au moment où je l’ai entendu prononcer ces mots et après que les Banyamulenge lui aient tiré dessus et aient quitté la maison, j’ai entendu ses gémissements », s’est souvenu le témoin. « Il a gémit trois fois puis cela a été le silence ».

« Lorsque vous avez entendu votre frère gémir par trois fois, pouvez-vous vous rappeler s’il a dit quelque chose ? », a demandé M. Kneur.

Le témoin a répliqué : « Oui, il a dit quelque chose que j’ai entendu. Il a dit : « Merci, merci. Vous m’avez tué. Allez en paix. C’est ce que j’ai entendu ».

Le témoin bénéficiait d’une déformation numérique du visage et de la voix et l’essentiel de son témoignage s’est déroulé à huis clos. Elle n’a pas précisé en séance publique pourquoi les soldats avaient abattu son frère.

La défense devrait procéder demain au contre-interrogatoire du ‘‘témoin 87’’.


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