Aujourd’hui, un avocat de la défense de Jean-Pierre Bemba a déclaré que plusieurs milices avaient commis des atrocités à Bangui au moment où les troupes de l’accusé étaient dans la capitale de la République centrafricaine (RCA).
Au cours du contre-interrogatoire d’un témoin, qui a indiqué à la Cour que les troupes de M. Bemba l’avaient violé, abattu son frère et pillé des biens dans sa maison, l’avocat de la défense Nick Kaufman a mentionné que plusieurs milices étaient en activité à Bangui.
Citant le nom de différents groupes, l’avocat de la défense a demandé au ‘‘témoin 87’’ s’il les connaissait. Le témoin a répondu que les groupes dont il avait entendu le plus parler étaient ceux que M. Kaufman avait mentionné.
L’avocat a demandé au témoin s’il connaissait une personne dénommée Abdoulaye Miskine, précisant qu’il avait apporté son aide au président de l’époque, Ange-Félix Patassé, pour combattre une tentative de coup d’état menée par François Bozizé, chef d’état-major révoqué.
Le ‘‘témoin 87’’ a répondu qu’elle avait effectivement entendu dire que M. Miskine combattait les rebelles.
« Saviez-vous que Abdoulaye Miskine et son groupe étaient très violent ? », a demandé M. Kaufmann.
Le témoin a répondu : « Je n’ai eu aucune information à ce sujet ».
Lorsque l’avocat de la défense a demandé au témoin si elle avait entendu parler du massacre perpétré dans un marché de Bangui par M. Miskine et ses troupes, le témoin a répliqué avoir entendu parler de l’incident.
M. Miskine, qui serait un ressortissant tchadien, a aidé M. Patassé de 1993 à 2003. Il dirigeait une unité spéciale en dehors de l’armée régulière qui a combattu les tentatives de coups d’état de M. Bozizé.
Les avocats de M. Bemba ont affirmé que, parallèlement au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) que l’accusé a dirigé, il existait à Bangui un grand nombre de milices durant la période où les combattants du MLC auraient commis les viols, les meurtres et les pillages pour lesquels M. Bemba est jugé.
Aujourd’hui, les avocats ont laissé entendre au témoin que les troupes de M. Bozizé s’étaient retirées de Bangui plus tard que les dates qu’il avait données, indiquant que ces troupes étaient toujours présentes dans la capitale lorsque le MLC a rejoint la campagne contre les insurgés. M. Kaufmann a suggéré qu’il s’agissait de troupes soudanaises combattant avec M. Patassé.
Dans son témoignage, le témoin a indiqué que tous les soldats qu’elle avait vu commettre des atrocités étaient congolais. Elle a ajouté que, bien qu’ils portaient des uniformes similaires à ceux des gardes présidentiels de M. Patassé, ils parlaient lingala, une langue congolaise.
M. Kaufmann a demandé au témoin comment elle pouvait identifier la langue parlée par les soldats comme étant du lingala car elle avait indiqué dans sa déclaration qu’elle ne parlait que le sango, un dialecte centrafricain, et un peu de français. Le témoin a répondu que bien qu’elle ne comprenait pas le lingala, elle pouvait le reconnaître quand elle l’entendait.
L’avocat de la défense a également demandé comment le témoin était en mesure de reconnaître les bottes et l’uniforme portés par les soldats qui ont attaqué la maison dans laquelle elle demeurait, considérant qu’il y avait des coupures d’électricité à l’époque.
« Nous utilisions des lampes à huile pour nous éclairer », a répondu le témoin.
Le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 87’’ se poursuivra demain matin