Lundi, une victime de viol témoignant au procès du chef de l’opposition Jean-Pierre Bemba a déclaré devant la Cour qu’elle avait découvert avoir été infectée par le VIH/sida à la suite de son viol par des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC).
Le témoin a indiqué, toutefois, qu’elle ne savait pas si les deux hommes qui l’avaient violée en octobre 2002 étaient les personnes qui l’avaient infectée avec le virus. Le témoin comparaîtra avec la voix et le visage numériquement déformés afin de ne pas dévoiler son identité.
Le ‘‘témoin 68’’ a déclaré que sa belle-sœur, qui avaient été violée par trois hommes le même jour qu’elle, avait souffert de graves problèmes de santé après l’agression et était morte en 2005. « Elle avait beaucoup de problèmes de santé, des problèmes à l’abdomen et elle est morte en 2005 », a-t-elle indiqué.
Le témoin a déclaré que, après l’agression, elle avait aussi beaucoup souffert et avait eu une splénomégalie. Elle a ajouté que des examens médicaux postérieurs avaient révélé qu’elle avait le sida.
Elle a précisé que les hommes qui l’avaient violée étaient armés. Deux soldats l’avaient violée successivement tandis qu’un troisième soldat se tenait debout sur ses bras afin de la maintenir au sol.
Le procureur principal Petra Kneur a demandé au témoin de décrire comment elle se sentait à présent.
Elle a rétorqué : « Mon moral est au plus bas. J’ai une tendance à la dépression et lorsque je vois un soldat ou un homme armé, je suis effrayée. Même sur une route, j’ai très peur ».
L’accusation a déclaré que les soldats du MLC avaient infecté les femmes centrafricaines avec le sida lorsqu’ils auraient perpétré leurs viols, meurtres et pillages généralisés en 2002 et 2003. Les troupes étaient présentes dans le pays pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à écarter une tentative de coup d’état. M. Bemba, le dirigeant du MLC, est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour ne pas avoir arrêté ou puni les troupes qui avaient commis ces crimes.
Le ‘‘témoin 68’’, qui est le cinquième témoin à charge à se présenter au procès Bemba, a également parlé des pillages qui auraient été commis par les soldats congolais. Elle a indiqué que les soldats qui l’avaient violée avaient pris son sac contenant des vêtements et de la nourriture.
Elle a précisé que les soldats qui avaient commis ces actes parlaient lingala, une langue congolaise qui lui était familière car elle avait rencontré plusieurs femmes congolaises qui le parlaient.
Le juge président Sylvia Steiner a indiqué que, afin d’évaluer l’état du témoin par un psychologue de l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU), une personne ressource du VWU sera assise à côté du témoin dans la salle d’audience et qu’un psychologue sera présent afin de surveiller le témoin.
Les juges ont également confirmé les recommandations des psychologues du VWU pour que le témoin ne soit interrogé que par des questions courtes, simples et ouvertes. Le juge Steiner a demandé aux parties que l’interrogatoire du ‘‘témoin 68’’ soit réalisé sans confrontations et qu’elles s’assurent que les questions embarrassantes soient évitées ou formulées le plus délicatement possible.
Le ‘‘témoin 68’’ poursuivra son témoignage mardi.