Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, le cinquième témoin à charge du procès de Jean-Pierre Bemba a déclaré que, en République centrafricaine (RCA), les rebelles locaux ne faisaient pas de mal aux civils. Elle a indiqué que les troupes congolaises appartenant à la milice de M. Bemba étaient plutôt celles qui avaient violé et tué des civils fin 2002 et début 2003.

Témoignant pour sa seconde journée, le ‘‘témoin 68’’ a déclaré devant la Cour présidée par le juge Sylvia Steiner que les rebelles qui soutenaient le chef d’état major révoqué François Bozizé dans sa tentative de coup d’état contre le président Ange-Félix Patassé respectaient les civils.

« Ils [les rebelles de Bozizé] ne faisaient pas de mal aux gens. Ils se déplaçaient juste en groupes. Je ne les ai jamais vu faire quelque chose de [mauvais] en particulier », a-telle indiqué. Selon elle, les rebelles se battaient au côté de soldats tchadiens qui portaient des turbans.

Elle a indiqué être en mesure de dire que les soldats qui avaient commis des atrocités étaient congolais car ils utilisaient le lingala, une langue qu’elle savait être parlée en République démocratique du Congo (RDC).

« Quelle langue parlaient les soldats de la FACA [les forces armées de la RCA] ?, a demandé le procureur principal Petra Kneur.

« Il s’agit de centrafricains et lorsqu’ils s’expriment, ils parlent sango. Si une personne sait comment s’exprimer en français ou en anglais, elle peut parler cette langue », a répondu le témoin qui bénéficiait d’une déformation numérique de la voix et du visage.

Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) affirment que M. Bemba est pénalement responsable, en tant que commandant militaire, de deux crimes contre l’humanité et de trois crimes de guerre découlant des comportements répréhensibles de ses soldats lorsqu’ils étaient présents en RCA. Les troupes, appartenant au Mouvement pour la libération du Congo (MLC), étaient dans le pays à l’invitation de M. Patassé qui avait besoin d’aide pour combattre une tentative de coup d’état.

Le témoin a indiqué à la Cour que puisque les combats faisaient rage dans la capitale de son pays en octobre 2002, elle était restée enfermée dans sa maison pendant deux jours avant de se décider à fuir. Elle a ajouté que c’était lors de sa fuite qu’elle avait rencontré les deux soldats qui l’avaient violée.

L’avocat de la défense Peter Haynes a contre-interrogé le témoin au sujet des stations de radio puisqu’elle avait indiqué les avoir entendu informer les auditeurs que les rebelles de Bozizé se trouvaient à 200 m de la résidence du président et annoncer ensuite l’arrivée des troupes de M. Bemba.

« Lorsque que vous étiez à l’intérieur de votre maison, avez-vous aperçu le moindre soldat à l’extérieur ? », a demandé M. Haynes.

Le témoin a répliqué qu’à l’époque les seules informations qu’elle avait provenaient de sa radio. Les neuf personnes qui vivaient dans sa maison avaient fui, la laissant seule avec sa belle-sœur. Elle a précisé que sa belle-sœur avait été violée par trois hommes le jour où sa famille avait quitté la maison et qu’elle était morte en 2005 en raison de complications de santé apparemment liées à cette agression.

M. Haynes a ensuite questionné le témoin sur la localisation géographique de villes et de quartiers de la capitale centrafricaine Bangui par rapport à la rivière Oubangui qui sépare la RCA de la RDC. Il a soutenu que bien que le témoin avait raison sur le fait qu’il avait été fait état de l’entrée des troupes du MLC en RCA le 27 octobre 2002, ces dernières étaient à ce moment-là loin de son lieu d’habitation.

Le ‘‘témoin 68’’ a également été questionné par Marie-Edith Douzima-Lawson, un des représentants légaux des victimes participant au procès.

Le procès reprend jeudi avec la poursuite du contre-interrogatoire du ‘‘témoin 68’’ par la défense.


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