Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Jeudi, un témoin à charge du procès de Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI) a été très étonné lorsque la défense a montré une copie de son certificat médical qu’elle aurait présentée lors de sa demande de participation au procès. Le témoin a déclaré qu’elle n’avait pas présenté de certificat car elle l’avait perdu.

De même, elle a indiqué que le récit manuscrit relatant le calvaire de son viol qui était annexé à sa demande n’était pas de sa main. Elle a déclaré qu’elle n’avait jamais vu le certificat ou le récit manuscrit avant que la défense ne les présente aujourd’hui devant elle.

Poursuivant son témoignage de mardi, le ‘‘témoin 68’’ a indiqué qu’après son viol perpétré par deux soldats appartenant au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba, elle s’était rendue auprès d’une organisation non gouvernementale, Médecins Sans Frontières (MSF), pour un examen médical. Elle a précisé que l’examen avait montré qu’elle avait le VIH/sida et d’autres infections transmises sexuellement.

Par la suite, elle avait rencontré les enquêteurs du Bureau du Procureur (BdP) de la Cour qui lui avaient demandé le certificat médical mentionnant les résultats de l’examen. Elle a déclaré être incapable de produire ce certificat puisqu’elle l’avait perdu et le médecin qui l’avait examiné a indiqué ne pas avoir le certificat original.

Pourtant, l’avocat de la défense Peter Haynes a présenté aujourd’hui un certificat médical et un récit manuscrit de l’histoire du témoin, deux documents qu’il a dit provenir de sa demande de participation, en tant que victime, au procès Bemba.

« Vous ne savez rien concernant le certificat qui est joint au document [manuscrit]. Il semblerait que quelqu’un ait écrit votre récit et trouvé ou réalisé une autre copie du certificat joint. Est-ce c’est ainsi que cela s’est passé ? », a demandé M. Haynes.

« Je ne sais rien à ce sujet. Je ne sais pas comment ces documents se retrouvent ici », a répliqué le témoin.

« S’il s’agit d’un formulaire de demande de participation en tant que victime à votre nom, vous ne l’avez pas rempli. Est-ce exact ? », a poursuivi M. Haynes.

« J’ai dit aux membres du Bureau du Procureur avec lesquels je travaillais que j’avais fait une déposition orale. Je n’ai pas utilisé de stylo pour écrire quoi que ce soit. J’ai apporté mon témoignage oralement et non avec un stylo ou un crayon », a-t-elle répondu.

Le témoin, qui témoignait avec le visage et la voix déformés numériquement, n’a pas déclaré en séance publique la date à laquelle elle s’était rendue à MSF pour un examen médical. Elle a affirmé, cependant, avoir rencontré les enquêteurs de l’accusation en 2005. Elle a apporté l’essentiel de son témoignage à huis clos.

Le témoin a affirmé que, hormis les fonctionnaires du BdP, elle n’avait raconté son histoire qu’à deux autres personnes. Il s’agissait de son avocat et d’un responsable d’une organisation non gouvernementale centrafricaine travaillant avec les victimes de viol. Elle a indiqué que l’organisation s’appelait OCODEFAD (Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse). Le témoin a précisé que Bernadette Sayo, ministre du gouvernement actuel de la République centrafricaine (RCA), était la présidente de l’OCODEFAD.

M. Bemba est jugé devant la CPI pour manquement à arrêter ou à punir ses soldats du MLC qui ont perpétré des viols, des meurtres et des pillages de manière généralisée en RCA en 2002 et 2003. Ses troupes étaient présentes dans le pays pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à écarter une tentative de coup d’état mené par François Bozizé.

Les avocats de la défense ont ensuite montré au témoin une carte de la ville de Bangui et lui ont demandé d’indiquer le palais présidentiel ainsi que le quartier dans lequel elle avait été agressée le 27 octobre 2002. M. Haynes a ensuite affirmé que le témoin avait été violé dans une zone qui était sous le contrôle des rebelles de M. Bozizé. Il a ajouté qu’aucun soldat du MLC n’était entré en RCA avant le 30 octobre 2002.

Le ‘‘témoin 68’’ a terminé sa déposition et un nouveau témoin se présentera à la barre vendredi.


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