Un témoin de l’accusation du procès de Jean-Pierre Bemba a reconnu qu’il y avait des divergences entre les déclarations qu’il avait faites aux enquêteurs de la CPI en 2008 et son témoignage oral de cette semaine.
Le témoin, qui terminait aujourd’hui sa déposition, a également admis qu’il y avait quelques divergences entre son témoignage à la barre et les informations qu’il avait fournies lors de sa demande à participer au procès en tant que victime.
Lors du contre-interrogatoire mené par la défense, le témoin a reconnu que les dates de naissance de ses enfants, qu’il avait lui-même écrit sur le formulaire de demande, étaient fausses. Il a indiqué que les dates mentionnées lors du procès étaient les bonnes. De même, le ‘‘témoin 23’’ a déclaré que la déclaration écrite qu’il avait faite aux enquêteurs du Bureau du Procureur (BdP) présentait des inexactitudes quant aux dates auxquelles ses filles avaient été violées par des soldats appartenant au groupe armé de M. Bemba.
Lors de son réinterrogatoire, l’avocat de l’accusation Thomas Bifwoli a demandé au témoin d’expliquer les incohérences identifiées par la défense qui concernaient l’âge de ses enfants et la date de naissance de son beau-frère.
« Ce que j’ai dit aux enquêteurs [du BdP] était différent de ce qu’ils ont écrit », a déclaré le témoin.
Le témoin a été ensuite interrogé pour savoir si les enquêteurs de la CPI ne lui avaient pas lu sa déclaration avant qu’il ne la signe.
Il a répondu : « Il me l’ont relu mais je n’ai pas fait très attention. Je n’ai pas fait attention aux dates auxquelles mes enfants ont été violés ». Il a indiqué que puisqu’il n’avait pas fait attention, il n’avait pas remarqué les erreurs présentes dans sa déclaration.
Le témoin a également reconnu qu’il y avait des inexactitudes dans la déclaration qu’il avait jointe à sa demande de participation au procès. Cette déclaration avait été préparée avec l’aide d’un employé d’une organisation non gouvernementale en République centrafricaine (RCA). « La personne qui a rédigé ce document, comme je l’ai indiqué, n’a pas entendu correctement ce que j’ai dit et c’est la raison pour laquelle elle a noté l’âge de 20 ans. Lorsque je l’ai relu, je ne l’ai pas remarqué… lorsque je la relis [maintenant] je vois que l’âge n’est pas le bon ».
Dans son témoignage, le ‘‘témoin 23’’ a déclaré que trois soldats de la milice de M. Bemba l’avaient sodomisé en présence de ses femmes et de ses enfants. Il a également indiqué que pendant une période de quatre jours, les soldats congolais avaient violé à de nombreuses reprises ses enfants et ses femmes. M. Bemba est jugé pour avoir prétendument manqué de contrôler ses troupes qui ont violé, tué et pillé en RCA entre 2002 et 2003.
Aujourd’hui, l’avocat de la défense Nkwebe Liriss a demandé au témoin comment il avait pu écrire de fausses dates de naissance pour ses enfants dans un formulaire que le témoin a reconnu avoir complété lui-même.
« Je ne peux oublier l’âge de mes enfants. Je ne sais pas ce qui s’est passé, je ne faisais pas assez attention à ce qui se passait et c’est pourquoi j’ai signé le document en l’état », a expliqué le témoin. Il a précisé que ses enfants pourraient témoigner au procès et confirmer que les informations qu’il avait données à la barre étaient les bonnes. Il a ajouté, « Je vous ai également déclaré que je n’avais pas un niveau d’instruction élevé, je confonds tout le temps certaines choses ».
Auparavant, mardi, le témoin a déclaré que les combattants de M. Bemba étaient arrivés dans le PK 12, une banlieue de la capitale centrafricaine Bangui, le 7 novembre 2002. Cependant, M. Nkwebe a déclaré qu’une source militaire qui était personnellement impliquée dans le conflit lui avait indiqué que le MLC ne pouvait avoir conquis la banlieue PK 12 avant un délai de deux semaines suivant leur entrée dans le pays, à savoir le 13 novembre 2002.