Aujourd’hui, un témoin a raconté que sa fille de dix ans avait été violée par deux membres de la milice de l’accusé de crimes de guerre congolais Jean-Pierre Bemba. Le ‘‘témoin 42’’, témoignant pour sa deuxième journée, a déclaré qu’il n’avait pas emmenée sa fille voir le médecin après l’agression. « Pourquoi aurait-il fallut l’emmener à l’hôpital ? », s’est-il demandé.
Il a ajouté, toutefois, que même s’il avait voulu l’emmener auprès d’un médecin, il n’aurait pas pu le faire. « Pendant ces évènements, les hôpitaux étaient fermés », a déclaré le témoin qui a poursuivi, « À vrai dire, je n’avais plus d’argent ».
Le témoin se présentait à la barre anonymement et il a indiqué que sa fille avait été traitée par la médecine traditionnelle. « Certaines plantes médicinales peuvent être bouillies et la petite fille a pu faire des bains de siège dans cette potion pour se guérir », a-t-il indiqué. Le témoin a précisé que la décoction était normalement appliquée aux femmes ayant accouché afin d’arrêter les saignements.
Le ‘‘témoin 42’’ a déclaré ne pas avoir assisté au viol de sa fille parce que les soldats l’avait emmenée à l’écart. Tandis que les deux soldats violaient la petite fille, un autre groupe de soldats fouettaient son père, prétextant que son fils soutenait les rebelles qui tentaient de renverser le président du pays, Ange-Félix Patassé. Les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba étaient présentes en République centrafricaine (RCA) pour aider M. Patassé à combattre une tentative de coup d’état.
Le témoin a également déclaré que le MLC utilisait des enfants soldats lors de son intervention en RCA en 2002. Il a décrit avoir vu “beaucoup” de mineurs dans les troupes congolaises pénétrant dans Bangui, la capitale centrafricaine, le 7 novembre 2002.
« Quant ils sont arrivés le 7 … nous avons les avons entendus et nous nous sommes rendus au bord de la route », a raconté le témoin. « C’était risible car il y avait des enfants qui portaient des armes dont le poids laissait à penser qu’elles avaient été traînées sur le sol ».
Le témoin a également évoqué les vêtements mal ajustés avec lesquels les jeunes combattants étaient habillés. « Ils portaient des vêtements qui étaient ridicules et cela prêtait à rire. Toutes les personnes présentes le long de la route riaient. Quels étaient ces individus qui avaient des habits qui ne leur allaient pas ? ».
Le témoin a déclaré qu’il ne pouvait pas dire quel était l’âge des jeunes combattants mais il a ajouté qu’il avait ensuite appris qu’il s’agissait « d’enfants soldats ».
Le ‘‘témoin 42’’ a également indiqué que les soldats du MLC avaient violé et pillé parce que M. Bemba ne les payait pas. « M. Bemba a organisé les crimes de guerres en RCA et il n’a pas payé les soldats [par conséquent] les soldats ont vécu aux crochets de la population, ils ont violé des femmes et il est le seul qui est responsable », a déclaré le témoin.
Il a estimé que 1 000 soldats du MLC campaient dans la banlieue PK 12 de Bangui. Il a indiqué que les soldats occupaient par la force plusieurs maisons appartenant à des civils.
L’avocat de l’accusation Hesham Mourad a demandé au ‘‘témoin 42’’ que ressentaient les personnes dont les maisons avaient été prises par le MLC.
Le témoin a répondu, « Les Banyamulenge [soldats du MLC] étaient comme des chats. Si un chat vient dans une maison, pensez-vous que les souris soient heureuses de partager leur maison avec lui ? ».
Le « témoin 42 » poursuivra sa déposition lundi.