Aujourd’hui, un témoin à charge a déclaré que l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba donnait des ordres directs à ses troupes qui étaient déployées en République centrafricaine (RCA) en 2002 et 2003.
Le ‘‘témoin 173’’ a indiqué lors du procès de l’ancien vice-président congolais que les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qui étaient présentes en RCA étaient commandées par le général Mustafa Mukiza. Le témoin a affirmé être resté un certain temps pendant la durée du conflit avec le général Mukiza. Il a témoigné qu’à ce moment-là, le général Mukiza avait des « contacts réguliers » avec M. Bemba auprès de qui le général prenait directement ses ordres.
La prétendue communication aurait été effectuée par téléphone portable et par téléphone par satellite. Il n’a pas été possible, à partir du témoignage entendu en séance publique, de déterminer les circonstances qui avaient amené le témoin à intégrer la compagnie du général Mukiza.
« Je crois qu’ils [Bemba et Mustafa] communiquaient régulièrement car Mustafa devait lui rendre compte de la situation au front. Je crois qu’ils étaient en contact quotidiennement », a indiqué le témoin. C’est la réponse à l’interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Jean-Jacques Badibanga sur la fréquence des communications entre M. Bemba et le général Mustafa.
Le ‘‘témoin 173’’ a également affirmé que M. Bemba avait un contact régulier avec les dirigeants centrafricains, notamment le président en exercice Ange-Félix Patassé, le ministre de la défense et l’ancien directeur de la garde présidentielle. Le témoin n’a pas indiqué en séance publique comment il avait obtenu cette information.
Cette partie de la déposition du témoin semble ébranler la défense de M. Bemba qui prétend que, une fois que ses troupes avaient traversé la frontière avec le pays voisin pour y pénétrer, ils n’étaient plus sous son contrôle mais sous celui de M. Patassé. Un grand nombre de témoins à charge, y compris le procureur général centrafricain, ont témoigné que les troupes du MLC en RCA étaient sous le commandement de M. Patassé. Aujourd’hui, le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 173’’ mené par la défense s’est essentiellement déroulé à huis clos.
Entretemps, le ‘‘témoin 173’’ a été également interrogé par les avocats qui représentent les victimes participant au procès. Répondant aux questions de Marie-Edith Douzima-Lawson sur le rôle d’Abdoulaye Miskine pendant le conflit, le témoin a indiqué que les troupes placées sous le commandement de M. Miskine fonctionnaient indépendamment du MLC mais étaient responsables de nombreux meurtres.
« La moitié des crimes commis dans le PK 13 (une banlieue de Bangui, la capitale du pays) ont été commis par Abdoulaye Miskine », a affirmé le témoin.
M. Miskine commandait une unité spéciale commando qui n’appartenait pas à l’armée centrafricaine et qui a mené des tentatives de coup d’état contre le président Patassé. Il rendait compte directement au président et son unité a été citée plusieurs fois par la défense de M. Bemba comme figurant parmi les nombreux groupes armés qui auraient pu commettre les crimes pour lesquels il était accusé.
Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) accusent M. Bemba, en tant que commandant en chef du MLC, d’être pénalement responsable de trois crimes de guerre (meurtre, viol et pillage) et de deux crimes contre l’humanité (meurtre et viol). Les crimes auraient été commis par ses troupes sur des civils centrafricains entre octobre 2002 et mars 2003.
La défense poursuivra le contre-interrogatoire du ‘‘témoin 173’’ demain matin.
Parodie de justice…Bemba bouc émissaire. Ça fait sourir tout ça…que Bemba soit le seul accusé dans cette affaire. On a tout comprit.