Un ancien officier de l’armée de la République centrafricaine (RCA) a déclaré que les forces rebelles du président en exercice François Bozizé avaient commis des viols et des massacres dans différentes villes sur leur chemin vers la conquête de la capitale Bangui en 2003.
Jusqu’à cinq des villes indiquées par le témoin comme lieu de commission des atrocités par les rebelles figurent parmi celles dans lesquelles les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) soutiennent que les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba ont commis des viols, des meurtres et des pillages.
Joseph Mokondoui, qui a servi dans la garde présidentielle de la RCA jusqu’en 2009, a raconté les atrocités des rebelles de M. Bozizé le dernier jour de son témoignage, le 20 octobre 2011, selon la transcription de l’audience effectuée par la Cour.
Sidhu, Bambari, Bossangoa, Bozoum, Bossembélé, Boali et Sibut sont certaines des villes que le témoin a indiquées comme étant les zones où les rebelles avaient commis des atrocités après avoir délogé l’armée nationale.
« Nous savons que toutes ces régions étaient sous leur contrôle et toutes les personnes qui vivaient dans ces villes y vivaient avec la peur, y compris les autorités administratives », a déclaré le témoin.
« Savez-vous pourquoi les autorités civiles administratives de l’époque vivaient avec une telle crainte lorsque les rebelles de M. Bozizé ont occupé ces différentes villes, Bossangoa, Bozoum et Bossempélé ? », a demandé l’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba.
M. Mokondoui a répondu que c’était parce que les rebelles harcelaient les gens et commettaient des meurtres. « Certains d’entre eux avaient été sévèrement punis et les fonctionnaires [administratifs] sur place étaient effrayés et faisaient tout leur possible pour rejoindre Bangui. Les autres avaient fui dans la brousse ».
Il a précisé qu’il y avait eu des cas de « carnage » commis par les rebelles qui, d’après lui, comprenaient de « jeunes garçons » fraichement recrutés ainsi que des citoyens tchadiens.
M. Mokondoui a affirmé, « Beaucoup de personnes sont mortes. Certaines personnes ont été battues à mort. D’autres personnes ont dû marcher pendant des kilomètres mais je peux vous assurer qu’il était difficile d’atteindre la capitale car il était impossible de prendre la route principale puisqu’elle était sous le contrôle des rebelles ».
« Pouvez-vous décrire, pour l’époque que nous examinons, d’autres cas dont vous auriez entendu parler au cours desquels des atrocités ont été commises par ces forces rebelles dans diverses villes de République centrafricaine ? », a interrogé M. Kilolo-Musamba.
Le témoin a répondu, « Il y a eu des morts. Il y a eu des décès. Certaines personnes ont fui pour échapper à la mort. Dans certains cas, des personnes ont été battues. Il y a eu des meurtres. Tout le monde était au courant. Les tchadiens étaient également impliqués dans les viols ».
Il a indiqué que les civils effrayés avaient fui vers les forêts ou la berge de la rivière Oubangui. Certaines personnes avaient fui vers le Tchad voisin. M. Mokondoui a expliqué que les rebelles de M. Bozizé avaient occupé Bossembélé car il s’agissait d’une grande ville et qu’ils avaient commis des violences à cet endroit : « Partout où ils se rendaient, la population souffrait ».
Il a déclaré que la garde présidentielle et les soldats centrafricains de l’armée régulière avaient fui différentes villes au fur et à mesure de l’avancée des rebelles de M. Bozizé et que, par conséquent, les rebelles étaient demeurés les seuls combattants actifs présents dans ces villes alors qu’ils progressaient vers Bangui.
M. Kilolo-Musamba a fait remarquer que tandis que le procès a entendu depuis un an les crimes qui avaient été commis dans les villes que le témoin a cité, les auteurs de ces crimes n’étaient pas clairement identifiés. D’après lui, M. Mokondoui a fourni des « éléments essentiels » sur l’identité des auteurs.
M. Bemba, dont le procès a débuté en novembre dernier, a nié les charges retenues contre lui, soutenant que n’importe lequel des groupes armés qui était présent en RCA pouvait avoir commis les viols, meurtres et pillages pour lesquels il est jugé.
Les audiences du procès devraient reprendre jeudi 27 octobre 2011.
BEMBA EST INNOCENT LIBÉREZ LE.