Aujourd’hui, un témoin de l’accusation dans le procès pour crimes de guerre de Jean-Pierre Bemba a déclaré que « aucun bien de valeur n’avait été épargné » par les soldats déchaînés du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qui étaient stationnés dans son quartier.
Il a indiqué que les soldats congolais avaient volé des meubles, des ustensiles de cuisine et d’autres biens domestiques tels que des postes de radio et de télévision. « Même des sacs utilisés par des femmes pour se rendre au marché ont été pris », a-t-il ajouté.
Le ‘‘témoin 69’’ a apporté sa déposition avec une voix et un visage déformés numériquement pour le public. Son témoignage s’est fréquemment déroulé à huis clos.
Hier, le témoin avait indiqué que six soldats armés du MLC avaient violé sa femme et l’avaient sodomisé lorsqu’ils étaient arrivés dans la ville de Begua en République centrafricaine (RCA) pendant le mois de novembre 2002. Aujourd’hui, il a raconté que, après ces évènements, il avait, avec sa famille, fuit vers le Point Kilomètre 22 ou PK 22, une ville située près de Bangui, la capitale du pays.
Lorsqu’ils étaient revenus trois mois plus tard, leur maison avait été mise à sac. Parmi les objets volés figuraient un moulin à manioc, une bicyclette, une moto, un matelas en mousse et des meubles. « Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont pris beaucoup de choses », a déclaré le témoin.
« Comment savez-vous que les gens qui ont pillé votre maison étaient des Banyamulenge ? », a demandé l’avocat de l’accusation Thomas Bifwoli, choisissant le terme que les centrafricains utilisent pour désigner les combattants de M. Bemba.
« Je le sais parce que lorsque nous sommes allés au PK 22, ces personnes avaient fracturé des portes. Ce n’était pas que ma porte. Il s’agissait de toutes les portes de Begua », a répondu le témoin. Il a indiqué que tous les habitants de la ville avaient déserté la zone, ne laissant que les soldats congolais dans leur prétendue base implantée dans l’école de Begua.
M. Bemba est jugé à La Haye devant la Cour pénale internationale (CPI) pour les meurtres, viols et pillages que ses troupes auraient commis lors de leur déploiement pendant le conflit armé centrafricain. Il a nié les charges que les procureurs affirment découler de son manquement à contrôler ses soldats pillards.
Le ‘‘témoin 69’’ a également cité le cas d’un magistrat dont la maison avait été pillée par les soldats congolais. « Ils sont venus avec un camion et l’ont garé près de sa maison afin de lui prendre tous ses biens », s’est remémoré le témoin.
Il a déclaré que les combattants de M. Bemba avaient pillé de nombreuses villes dont Boali, Sibut et Bossembélé. Il a précisé que tous les biens pillés avaient été transportés vers la rivière Oubangui puis à travers cette dernière au Congo voisin.
Le témoin a également indiqué que le MLC chassait les animaux domestiques tels que les poules, les vaches et les moutons pour leur propre consommation. « Aucun animal n’était épargné, même les chiens. Ils tuaient les chiens et mangeaient leur viande. C’était un de leurs plats préférés », a précisé le témoin.
Le ‘‘témoin 69’’ poursuivra son témoignage demain matin.
