Un témoin a déclaré aujourd’hui que l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba avait pris des véhicules que ses hommes avaient volés à des civils.
Témoignant pour sa deuxième journée au procès qui se déroule devant la Cour pénale internationale (CPI), le ‘‘témoin 178’’ a indiqué qu’il ne comprenait pas pourquoi un « intellectuel » comme M. Bemba avait échoué à empêcher ses soldats de commettre des viols et des meurtres bien qu’il sache qu’ils commettaient ces crimes.
« Il pouvait utiliser le Thuraya [téléphone par satellite] pour appeler et dire ‘‘arrêtez ce que vous faîtes’’ mais ces personnes ont agit en toute impunité », a déclaré le témoin, faisant allusion aux combattants du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba. « Par conséquent, je pense qu’il est pleinement impliqué dans les viols, les pillages, les meurtres perpétrés en République centrafricaine car il n’a, à aucune occasion, parlé aux gens pour qu’ils cessent leurs exactions ».
L’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) est accusé de n’avoir pris aucune mesure lorsque ses combattants agressaient les civils centrafricains en 2002 et 2003. Ce dernier a nié les cinq chefs d’accusation retenus contre lui.
Le témoin a également indiqué que les commandants supérieurs de M. Bemba en République centrafricaine (RCA) donnaient au chef du MLC des véhicules qui avaient été volés. Il n’a pas précisé combien il y avait eu de véhicules L’avocat de l’accusation Jean-Jacques Badibanga a demandé si M. Bemba savait que ces véhicules avaient été volés.
Le témoin a répondu, « Où donc Mustafa aurait-il pu trouver les véhicules ? Lorsqu’il a quitté la RDC, il n’avait rien, et soudainement il possédait de gros véhicules. Comment aurait-il pu se procurer ces véhicules s’ils n’avaient pas été volés ? Ce qu’il [M. Bemba] aurait dû faire c’est de déclarer, ‘‘Je n’aime pas ces véhicules, renvoyez-les en RCA’’, mais ce qu’il a fait c’est de les prendre dans le camp ».
Le ‘‘témoin 178’’ a affirmé que seul M. Bemba donnait des ordres au général Mustafa Mukiza qui était le commandant général des troupes du MLC présentes dans le pays voisin. Il a indiqué que le président centrafricain de l’époque, Ange-Félix Patassé, pour le compte duquel les troupes combattaient, n’avait pas le ‘‘pouvoir’’ de leur donner des ordres.
Le témoin a fourni une explication possible de la raison pour laquelle M. Bemba n’avait pas tenté de stopper les actes de violence. « J’ai compris qu’il n’est pas venu en RCA pour aider les gens de ce pays… ce qu’il est venu faire, c’est s’enrichir sur le dos des centrafricains, afin de s’équiper pour sa propre rébellion ».
Le procès se poursuivra demain avec la suite de la déposition du ‘‘témoin 178’’, qui témoigne avec le visage caché au public et avec une déformation numérique de la voix afin de ne pas divulguer son identité.