Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, le onzième témoin à charge du procès pour crimes de guerre du chef de l’opposition congolais Jean-Pierre Bemba a renié des parties de la déclaration qu’il avait faite aux enquêteurs en 2008.

Lors du contre-interrogatoire mené par la défense de M. Bemba, le ‘‘témoin 73’’ a indiqué que des parties de sa déclaration faite aux enquêteurs de la CPI, qui a été lue devant la Cour, étaient dénaturées par rapport à ce qu’il avait vraiment déclaré aux personne qui s’étaient entretenus avec lui.

L’avocat de M. Bemba, Peter Haynes, a demandé au témoin la raison pour laquelle le récit qu’il a fait aux enquêteurs concernant le viol de la fille de son voisin était différent de ce qu’il avait déclaré à la Cour. Dans la déclaration, il avait indiqué avoir vu un soldat du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) traîner la fille de dix ans pour la violer. À la barre, il a affirmé avoir vu trois soldats.

« La déclaration indique qu’il y avait un Banyamulenge [soldats du MLC] mais je vous demande de ne vous fier qu’à ce que je déclare ici », a répondu le témoin. « Je vous ai dit que j’ai vu trois personnes traîner la jeune fille ».

M. Bemba, un ancien vice-président de la République démocratique du Congo, est jugé devant la Cour pénale internationale pour manquement à contrôler ses troupes lorsqu’elles étaient présentes en RCA pour aider Ange-Félix Patassé à combattre une tentative de coup d’état. Les procureurs ont déclaré que les combattants du MLC avaient commis en masse des viols, des meurtres et des pillages dans différentes banlieues de la capitale centrafricaine Bangui.

L’avocat de la défense a cité le témoin qui aurait dit dans sa déclaration que les soldats du MLC avaient emprisonné le fils du témoin pendant deux jours après qu’ils l’aient battu. Le témoin a toutefois affirmé aujourd’hui que le garçon avait été placé dans la prison du MLC pendant trois heures avant qu’il ne soit remis à sa mère. Le ‘‘témoin 73’’ a indiqué avoir assisté à la libération du garçon et à son transport par charrette le ramenant à la maison de son père.

« Si je prétends qu’après cette détention, le fils n’est pas retourné vivre avec votre voisin pendant plusieurs mois, quelle serait votre réaction ? », a demandé M. Haynes.

Le témoin a affirmé que le garçon avait été libéré le jour où les soldats l’avaient emmené de la maison de son père. Après sa libération, il était resté chez son père et le témoin a indiqué avoir vu à de nombreuses reprises sa mère soigner ses blessures avec des herbes de la région.

Hier, le témoin a déclaré – contrairement à sa déclaration d’origine – que les soldats du MLC n’avaient pas trouvé sa fille dans sa maison et ne l’avaient ni jeté à terre ni violée. Il a indiqué que sa fille avait eu des relations sexuelles consenties avec un soldat qui était devenu un habitué de la maison. Le ‘‘témoin 73’’ a précisé qu’il avait déclaré par erreur aux enquêteurs que sa fille avait 17 ans à l’époque où elle avait été déflorée alors qu’elle avait dix ans.

Le témoin a également indiqué que bien que sa demande de participation au procès qui portait sa signature était datée du mois de mars 2010, il l’avait rempli en 2008.

M. Haynes a demandé aujourd’hui au témoin s’il avait remarqué avoir été enregistré pendant son entretien.

« Je ne connaissais pas certains des objets que ces personnes avaient … je ne peux vous dire si ma voix a été enregistrée avec un appareil », a déclaré le témoin. Il a ajouté que son entretien avec les enquêteurs de la CPI avait été réalisé avec l’assistance d’un interprète.

Après que le témoin ait indiqué que la signature présente sur la déclaration qui lui était montrée était la sienne, M. Haynes a demandé, « Pourquoi l’avez-vous apposée ici ? ».

« Ils m’ont posé des questions auxquelles j’ai répondu. J’étais une victime. J’ai accepté de venir et de faire des déclarations spontanément », a déclaré le ‘‘témoin 73’’. « Ils m’ont demandé si je pouvais signer et j’ai répondu oui ».

Le procès se poursuivra lundi.


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