Les huit témoins qui ont témoigné au procès pour crimes de guerre de l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba ont déclaré que certains des combattants congolais qui avaient commis des atrocités en République centrafricaine (RCA) parlaient le sango, une langue locale.
Le ‘‘témoin 82’’, dont le témoignage a commencé hier, a également déclaré devant la Cour, présidée par le juge Sylvia Steiner, que les rebelles centrafricains que les forces de M. Bemba combattaient portaient les mêmes uniformes que l’armée de la RCA.
Les troupes appartenant au groupe armé de M .Bemba, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), sont accusées d’avoir perpétré des viols et des meurtres en masse lorsqu’elles se sont rendues en RCA en octobre 2002 pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à combattre une tentative de coup d’état menée par François Bozizé. M. Bemba est jugé pour manquement à arrêter et à punir les auteurs de ces atrocités.
Dans son témoignage, le ‘‘témoin 82’’a déclaré que bien que les soldats de M. Bemba portaient également des uniformes de l’armée centrafricaine, elle était capable de les distinguer des rebelles de M. Bozizé en se basant sur leurs couvre-chefs. M. Bozizé avait été, un an auparavant, révoqué de son poste de chef d’état-major de l’armée centrafricaine et beaucoup de ses combattants étaient des anciens soldats de la RCA. Les troupes du MLC portaient des bérets rouges alors que les troupes de M. Bozizé portaient des turbans rouges. Selon le témoin, des tchadiens combattaient aux côtés des troupes de M. Bozizé et ils portaient également des uniformes de l’armée centrafricaine.
Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de la défense Aime Kilolo-Musamba, le ‘‘témoin 82’’a réaffirmé que même si les rebelles de M. Bozizé avaient des armes, ils n’avaient commis aucun acte de violence à l’encontre de la population centrafricaine. Plus tôt dans la journée de mercredi, le témoin avait déclaré que deux soldats du MLC l’avaient violée lorsqu’elle avait 12 ans. Elle a indiqué que les soldats congolais avaient également violé ses sœurs et sa grand-mère et avaient battu à mort son frère lorsqu’il avait tenté de protéger sa famille.
Aujourd’hui, M. Kilolo-Musamba a lu des extraits de l’entretien que le témoin avait donné aux enquêteurs de la CPI en 2008 dans lequel elle avait déclaré que c’étaient des soldats du MLC qui avaient commis des atrocités sur les civils centrafricains. Le témoin a déclaré aux enquêteurs qu’il n’était pas toujours pas possible de comprendre le lingala, une langue parlée par les soldats du MLC, mais a ajouté que certains d’entre eux parlaient sango.
Interrogée par l’avocat de la défense pour savoir si elle confirmait sa déclaration, elle a répondu, « Oui, je la confirme». Elle a indiqué que les troupes de M. Bozizé parlaient également sango mais, plutôt que d’attaquer les civils, ils leur conseillaient de partir des zones dans lesquelles il y avait des combats.
Le ‘‘témoin 82’’ poursuivra son témoignage demain matin.