Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Les deux témoins qui ont déposé cette semaine ont défendu la conduite des forces de François Bozizé lors du conflit de 2002-2003 en République centrafricaine (RCA). Ils ont affirmé que lorsque les troupes commandées par M. Bozizé étaient présentes dans certaines banlieues de la capitale Bangui, elles n’avaient jamais commis d’atrocités sur les civils.

À l’époque, les troupes de M. Bozizé tentaient de renverser le président Ange-Félix Patassé, ce qui avait poussé le chef d’État à demander l’aide de combattants congolais. Le ‘‘témoin 81’’ et le ‘‘témoin 82’’ ont tous deux déclaré que les soldats qui avaient perpétré les viols, les meurtres et les pillages appartenaient au Mouvement pour la libération du Congo (MLC), le groupe créé et dirigé par l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba.

Dans son témoignage, le ‘‘témoin 82’’a déclaré que bien que les soldats de M. Bemba portaient également des uniformes de l’armée centrafricaine, elle était capable de les distinguer des rebelles de M. Bozizé en se basant sur leurs couvre-chefs. M. Bozizé avait été, un an auparavant, révoqué de son poste de chef d’état-major de l’armée centrafricaine et beaucoup de ses combattants étaient des anciens soldats de la RCA. Le témoin a précisé que les troupes du MLC portaient des bérets rouges alors que les troupes de M. Bozizé portaient des turbans rouges. Selon elle, des tchadiens combattaient aux côtés des troupes de M. Bozizé et ils portaient également des uniformes de l’armée centrafricaine.

Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de la défense Aime Kilolo-Musamba, le ‘‘témoin 82’’ a réaffirmé que même si les rebelles de M. Bozizé avaient des armes, ils n’avaient commis aucun acte de violence à l’encontre de la population. Le témoin a déclaré que deux soldats du MLC l’avaient violée lorsqu’elle avait 12 ans. Elle a indiqué que les soldats congolais avaient également violé ses sœurs et sa grand-mère, et avaient battu son frère à mort.

M. Kilolo-Musamba a lu des extraits de l’entretien que le ‘‘témoin 82’’ avait donné aux enquêteurs de la CPI en 2008 dans lequel elle avait déclaré que c’étaient des soldats du MLC qui avaient commis des atrocités sur les civils centrafricains. Le témoin a déclaré aux enquêteurs qu’il n’était pas toujours pas possible de comprendre le lingala, une langue parlée par les soldats du MLC, mais a ajouté que certains d’entre eux parlaient sango.

Interrogée par l’avocat de la défense pour savoir si elle confirmait sa déclaration, elle a répondu, « Oui, je la confirme». Elle a indiqué que les troupes de M. Bozizé parlaient également sango mais, plutôt que d’attaquer les civils, ils leur conseillaient de partir des zones dans lesquelles il y avait des combats.

Les témoins qui se sont présentés cette semaine à la barre bénéficiaient de mesures de protection dont une déformation numérique du visage et de la voix pour protéger leur identité. Ils ont apporté l’essentiel de leur témoignage à huis clos. Le juge président Sylvia Steiner a déclaré qu’un psychologue serait présent dans le tribunal afin de surveiller les témoins et qu’un fonctionnaire de l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) serait assis près de chaque témoin pour leur apporter toute l’aide dont ils auraient besoin. Ces mesures ont été recommandées après qu’une évaluation psychologique des témoins ait été réalisée.

De son côté, le ‘‘témoin 81’’ a indiqué aux juges que, après avoir été violée par quatre soldats du MLC, elle avait fui sa maison de la banlieue du PK 12, près de Bangui, pour le PK 22, proche de la capitale également. Elle a raconté que, en raison des combats dans la zone dans laquelle elle avait cherché refuge, elle avait été contrainte de revenir chez elle, au PK 12.

Le témoin a déclaré devant la Cour que lorsqu’elle était revenue chez elle, elle avait constaté que les soldats du MLC avaient creusé des tranchées devant sa maison dans lesquelles ils restaient jour et nuit. Les soldats l’avaient ensuite obligé à préparer quotidiennement leurs repas. Les aliments pour les repas étaient fournis par les soldats.

« Mais les soldats [dans les tranchées] ne sont jamais entrés dans votre maison, n’est-ce pas ? », a demandé l’avocat de M. Bemba Peter Haynes.

Le témoin a répondu, « Non, ils ne sont pas entrés dans les maisons. Ils avaient tout avec eux à l’extérieur et nous faisions différents petits travails pour eux. Cela se passait à l’extérieur de la maison ». Elle a précisé à la barre qu’elle avait préparé les repas pour les soldats du MLC pendant deux semaines bien qu’elle n’ait pas dit en séance publique comment elle avait arrêté de préparer les repas des soldats.

Elle a expliqué que pendant qu’elle travaillait comme cuisinière non rémunérée pour les troupes, elle avait appris les noms des soldats du MLC qui l’avaient violée. Vendredi dernier, le ‘‘témoin 81’’ a donné leurs noms mais lors d’une séance à huis clos. Cette semaine, M. Haynes a demandé au témoin si elle n’avait pas dit dans sa déclaration faite aux enquêteurs de la CPI il y a trois ans qu’elle n’avait jamais rencontrés auparavant les soldats pour lesquels elle préparait les repas.

« Peut-être que cela n’a pas été noté correctement », a-t-elle répondu, faisant référence aux enquêteurs qui avaient enregistré la déclaration à laquelle l’avocat de la défense faisait allusion. « Je les avais déjà rencontré et ce sont les mêmes personnes qui sont venues nous voir et qui nous ont obligé à cuisiner pour elles ».

M. Bemba, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo, est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour manquement à contrôler ses troupes qui ont violé, tué et pillé en RCA entre 2002 et 2003.

La défense a également souligné cette semaine ce qu’elle a affirmé être des incohérences dans le récit donné par le ‘‘témoin 81’’ sur la visite de M. Bemba à Bangui. Lors de sa déposition, le témoin a déclaré avoir vu arriver M. Bemba dans une banlieue de Bangui à bord d’un hélicoptère ayant la même couleur que son uniforme militaire. Selon le témoin, l’accusé s’était ensuite adressé à la population centrafricaine locale tandis qu’il était entouré de ses soldats.

Mais la défense a cependant soutenu qu’un individu, qui était venu avec le ‘‘témoin 81’’ pour voir M. Bemba, avait fourni des informations qui avaient contredit ce qu’elle avait déclaré.

« C’est quelqu’un qui était apparemment avec vous. Il a raconté [que] M. Bemba n’était pas en uniforme militaire comme vous l’avez déclaré », a indiqué l’avocat de la défense Liriss Nkwebe. « Il a dit qu’il [M. Bemba] n’était pas venu en hélicoptère. Il a également ajouté qu’il n’avait pas parlé à la population. Au contraire, la population n’avait pas la permission de le rencontrer. Confirmez-vous votre témoignage fait devant la Cour concernant l’arrivée de M. Bemba ? ».

Le témoin a répliqué, « Je ne parle pas des rêves de quelqu’un d’autre. Je vous parle de quelque chose dont j’ai été le témoin. Si quelqu’un d’autre rêve, je ne peux interpréter ces rêves à sa place ».

Entretemps, vendredi, le ‘‘témoin 82’’ a nié qu’un ministre de l’actuel gouvernement centrafricain ait dit aux témoins ce qu’ils devaient déclarer lorsqu’ils se présenteraient à la barre lors du procès de M. Bemba. Elle a affirmé avoir rencontré à plusieurs reprises Bernadette Sayo, fondatrice d’une organisation non gouvernementale aidant les victimes de viol, et qui est actuellement ministre du gouvernement du président M. Bozizé. Le témoin toutefois a déclaré que bien que Mme Sayo l’ait encouragé ainsi que les autres victimes à témoigner devant la CPI, elle ne leur avait jamais indiqué la teneur de leur déclaration.

La défense de M. Bemba a interrogé plusieurs témoins sur leurs accords avec l’OCODEFAD (Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse), l’organisation créée par Mme Sayo.

Après que le témoin ait déclaré avoir assisté à plusieurs réunions à l’OCODEFAD qui avaient débouché sur son témoignage au procès, M. Aime Kilolo-Musamba lui a demandé si Mme Sayo l’avait récemment contacté par téléphone ou par un autre biais. Le témoin a répondu qu’elle ne pouvait se rappeler la date à laquelle elle avait rencontré pour la dernière fois la fondatrice de l’OCODEFAD, mais elle a continué de nier que Mme Sayo ait soufflé aux victimes de viols ce qu’elles devaient dire dans leur témoignage.

« A-t-elle dit que c’était les Banyamulenge qui avaient commis tous ces actes de violence à Bangui ? », a demandé M. Kilolo-Musamba.

« Elle n’a pu me dire cela », a répondu le témoin, ajoutant que, en tant que victime d’actes de violence, elle savait que leurs auteurs étaient des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC). Elle a ajouté que Mme Sayo était elle-même une victime des soldats du MLC car ces derniers avaient tué son mari. Le témoin a déclaré que Mme Sayo avait créé l’OCODEFAD pour permettre aux victimes de raconter à la CPI ce qui leur était arrivé.

Interrogé pour savoir si Mme Sayo lui avait dit qu’elle pourrait recevoir des indemnisations pour témoigner au procès de M. Bemba, le témoin a répondu, « Elle ne nous a pas parlé d’indemnisation. Nous sommes venus ici pour parler de ce que nous avons vécu. Nous ne sommes pas ici pour demander une quelconque indemnisation ».

Selon le témoin, l’OCODEFAD a donné aux victimes de viol de la nourriture et, occasionnellement, de l’argent. La plupart de cette aide provenait du gouvernement centrafricain.

M. Kilolo-Musamba a demandé au témoin si elle pouvait apporter des preuves qui ne soient pas favorables au gouvernement de M. Bozizé étant donné qu’il avait soutenu les victimes par le biais de l’OCODEFAD. « Savez-vous si le gouvernement de M. Bozizé a connaissance du témoignage que vous apportez actuellement devant ce tribunal ? », a-t-il demandé.

Le témoin a répliqué, « Je me présente ici pour témoigner en mon nom. Qui pourrait aller raconter au gouvernement ce que je dis ? ».

Elle a ajouté, « M. Bozizé n’a jamais commis d’actes préjudiciables à la population. Il a nourri des gens, payé des salaires régulièrement, aussi je ne peux dire de mensonges à son sujet ».

2 Commentaires
  1. salut, ba témoins nioso oyo bazali koloba, ezali lokuta ngai nazalaki nakati ya bangui , na cartie la quanga mai ba zali kokosa surtou ba tou oyo bazali koploba que bavandaka ,na kilomtre 5 kuna ezalaki na sou control ya ba tiadien, enplus ba tou ba piyaki bangui ezalaki bango moko basatraifriquene; apret la gerre bazalaki koteka biloko oyo bayibaki kuna na bangui bazalaki koteka ya ngo na zongo basoda oyo bazali miyibi na afrique koleka basolda ya bangui bazali te, nioso oyo bali koloba, wana ezali preparasion ya ngunda, neti oyo alobi que ba voilaki muana na ye ya 10 ans esque, muana wa na azali vivant to te?, ngai na yebi ebele piusque na zaliki presant na bangui, de pk 12à pk5 ezalaki ba tshadien,soki otiki pk 5 obandi ko ya na ville kote wa na ezalaki ba libien force ya bemba ebandaki na toutotur ya riviere oubangui na kati ville ti na kote ya ndako ya patasie mai bazaki toujour melagen na ba solda ya patasie ex, na yokaki temoins moko alobaki que ayebaki basolda ya bemba po bazalaki koloba lingali , ezali lokuta, basolda ya bemba kouna na bangi balobaki lingala te , ba lobaki yakoma na suayili po na cominucation na ba solda ya patasie po yakoma na sango ezali ndenge moko, ngai na riscaki na bangui na ba lains roquet ya ba libien donc na zalaki presant;; adress na ngai ya email ya ngoyo soki nakokufa na kufa li kambote, kelba72@yahoo.fr pona nini bazali koniokola jp ndenge wana, merci.

  2. Si les militaires mlc parlaient le sango(cfr témoin82), -ce qui n’est pas probable – cela signifie qu’ils étaient encadrés par ceux de patasse qui seuls, pouvaient parler en sango.
    ” les rebelles de bozize n’ont fait aucun mal aux civils”(cfr temoin présenté par moreno)-cela fait sourire et c’est révoltant- donc les combattants centrafricains étaient des saints. Ça n’est plus un témoignage mais de la propagande


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