Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, un témoin à charge a raconté qu’elle-même et sa fille de 11 ans avaient été violées par des soldats appartenant au groupe dirigé par l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba. Le témoin a également déclaré que son mari avait été tué par une milice conduite par un commandant de l’armée centrafricaine connu sous le nom de Miskine, qu’elle a indiqué être accompagné par les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba.

Le témoin a indiqué à la Cour que son époux avait été tué dans un marché au bétail qui se tenait à Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), par le colonel Abdoulaye Miskine. M. Miskine, connu également sous le nom de Martin Koumtamadji, serait un citoyen tchadien que l’ancien président de la RCA, Ange-Félix Patassé, avait chargé du commandement d’une unité spéciale n’appartenant pas à l’armée pour combattre, pendant les années 2002 et 2003, une tentative de coup d’état menée par François Bozizé, chef d’état-major révoqué.

Le ‘‘témoin 79’’ a bénéficié de mesures de protection, notamment de l’utilisation d’un pseudonyme ainsi que d’une déformation numérique de la voix et du visage afin de ne pas dévoiler son identité. Lors de l’interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Horejah Bala-Gaye, il a indiqué, « Les personnes qui ont tué mon mari sont M. Miskine et les Banyamulenge [soldats du MLC] qui l’accompagnaient ». Elle a affirmé que, outre son époux, de nombreuses personnes avaient été tuées dans le marché au bétail.

Deux jours après que son mari ait été tué, des soldats armés du MLC avaient fait irruption dans sa maison en pleine nuit. « Ils étaient cinq. Ils m’ont tiré du lit et m’ont jeté par terre puis m’ont déshabillée. L’un d’entre eux a couché avec moi, un autre soldat pointant son arme sur ma tempe », a déclaré le témoin.

Elle a ajouté, « le premier, après avoir couché avec moi, s’est levé et le deuxième homme a pris sa place. Deux autres soldats sont entrés dans la chambre à coucher où dormait une de mes filles. Elle avait 11 ans et a été violée ».

Le témoin a indiqué que, après que les soldats l’aient agressée et agressé sa fille, ils s’étaient sauvés avec leurs biens, dont un réfrigérateur, un poste de télévision, des chaussures, des vêtements et des valises.

Le ‘‘témoin 79’’ a déclaré n’avoir reçu aucun soutien de sa communauté après l’agression. Elle a expliqué que, parce qu’elle avait peur qu’elle ne soit stigmatisée, elle n’avait dit à personne ce qui était arrivé à sa fille.

« Je n’ai parlé à personne », a précisé le témoin. « Dans une [communauté] musulmane, de telles informations, à savoir qu’une fille mineure soit déflorée, vont à l’encontre de nos mœurs. Si je disais aux gens ce qui s’est passé, alors cette fille aurait beaucoup de difficultés à trouver un mari. C’est pourquoi j’ai préféré garder le viol secret ».

M. Bemba, un ancien vice-président de la République démocratique du Congo, est jugé devant la CPI pour manquement à contrôler ses soldats du MLC qui ont violé, tué et pillé des civils centrafricains entre octobre 2002 et mars 2003. Il a nié les cinq chefs d’accusation retenus à son encontre, soutenant qu’il n’avait plus le contrôle de ses combattants une fois qu’ils étaient sur le territoire de la RCA, où ils avaient été envoyés pour aider M. Patassé à combattre une tentative de coup d’état. Il a prétendu que c’était M. Patassé qui dirigeait ces troupes.

Le témoin a déclaré que deux jours après qu’elle ait été violée, elle avait appris que sa mère et sa sœur aînée avaient également été violées par les troupes de M. Bemba. Elle a indiqué que, à la suite de cette agression, le comportement de sa mère était devenu ‘‘chaotique’’ et qu’elle s’était enfuie vers le Tchad voisin.

Son frère, dont les affaires figuraient parmi les biens volés dans sa maison la nuit de son viol était ‘‘devenu furieux’’ et avait quitté la maison. Il n’avait plus, depuis lors, donné de nouvelles.

« Je suis tout le temps soucieuse », a déclaré le témoin. « Je m’inquiète. Je sais que je n’ai plus toute ma tête. Je sais que j’ai des problèmes psychologiques ».

Le ‘‘témoin 79’’ poursuivra sa déposition demain matin.


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