Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, un témoin a déclaré qu’il y avait eu une augmentations des actes de violence commis par les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) sur les civils centrafricains après la visite du chef de la milice Jean-Pierre Bemba dans la capitale du pays Bangui.

Le ‘‘témoin 63’’, qui témoignait avec le visage et la voix déformés numériquement afin de ne pas dévoiler son identité au public, a décrit lors du procès de M. Bemba qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) comment les combattants du MLC violaient, pillaient et tuaient des civils en toute impunité. « Ils volaient des choses, ils vous agressaient, ils faisaient ce qu’ils voulaient. Ils pouvaient violer une femme en public sur le bas-côté de la route », a-t-il indiqué.

Assingambi Zarambaud, un représentant légal des victimes participant au procès, a demandé au témoin si les brutalités avaient diminué après la visite de M. Bemba.

« Après la visite de M. Bemba, la situation a empiré. Voilà ce que je peux vous dire », a déclaré le témoin. Néanmoins, l’audience s’est ensuite poursuivie à huis clos Il a donc été impossible de déterminer si le témoin avait établit un lien entre la visite et l’augmentation des actes de violence.

La plupart des témoins précédents qui ont décrit la visite de M. Bemba dans la capitale de la République centrafricaine (RCA) Bangui ont affirmé que les atrocités commises par les combattants avaient diminué après qu’il se soit adressé aux troupes à la suite de plaintes de civils locaux.

Le ‘‘témoin 63’’ a déclaré aujourd’hui que les combattants du MLC l’avaient emmené dans une ville nommée Damara mais sans préciser pour quelle raison. Il a indiqué, toutefois, que lorsqu’il s’y trouvait, M. Bemba avait visité ses troupes présentes dans la zone. Le témoin n’a pas indiqué en séance publique la teneur du discours du chef rebelle congolais de l’époque devant ses troupes. Le ‘‘témoin 63’’ a également indiqué que M. Bemba avait visité la banlieue PK 12 alors que le témoin y était présent mais que les actes de violence avaient empiré dans cette zone après sa visite.

Le ‘‘témoin 63’’ a déclaré avoir vécu parmi les combattants du MLC qui lui avaient dit commettre ouvertement des crimes contre les civils centrafricains puisque les soldats n’étaient pas nés à Bangui et n’avaient donc aucune famille dans cette zone. Il a indiqué que le MLC n’hésitait pas à tuer des gens et qu’ils administraient des châtiments corporels à des civils innocents.

Dans sa déclaration aux procureurs, dont des extraits ont été lus par M. Zarambaud devant la Cour, le témoin affirmait que les commandants du MLC envoyaient souvent leurs jeunes soldats pour piller des biens aux civils. Le témoin a confirmé que ceux qui ne pouvaient pas rapporter de biens ou de l’argent aux soldats congolais étaient battus.

« Après les pillages, le commandant prenait aux [jeunes soldats] l’argent qui avait été volé », a déclaré le témoin. Le témoin a toutefois indiqué qu’il ne savait pas si les commandants en chef du MLC en RCA avaient connaissance des atrocités que leurs hommes commettaient.

Le témoin a également déclaré que, dans un endroit dénommé PK 45, il avait vu les corps de quatre personnes tuées par un hélicoptère du MLC.

Marie-Edith Douzima-Lawson, un autre représentant légal des victimes participant au procès, a interrogé le témoin sur les langues parlées par les soldats du MLC, sur la manière dont il pouvait distinguer les commandants des jeunes combattants et sur les zones dans lesquelles il avait personnellement aperçu des combattants congolais. Le témoin a déclaré que le comportement brutal des soldats du MLC les distinguaient des centrafricains et bien que certains d’entre eux parlaient le sango, une langue de RCA, ils le parlaient avec un accent congolais reconnaissable.

M. Bemba, un ancien vice-président de la République démocratique du Congo, a nié les charges de manquement à discipliner ses soldats qui auraient perpétré en masse des viols, des meurtres et des pillages en RCA pendant les années 2002 et 2003. Son procès a débuté en novembre dernier et a entendu jusqu’à présent 20 témoins de l’accusation.

Le procès reprendra lundi avec le début du contre-interrogatoire du ‘‘témoin 63’’ par la défense.


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