Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, la défense de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba s’est axée sur les incohérences existant entre le témoignage oral apporté par le témoin à charge qui témoigne actuellement et les déclarations écrites qu’elle avait faite précédemment aux enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI).

Le ‘‘témoin 110’’ a décrit la semaine dernière le meurtre d’une femme juste en dehors de son habitation qui aurait été commis par de soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba. Selon les déclarations que le témoin avait faites aux enquêteurs, la femme anonyme avait été abattue le premier jour où le témoin a vu le MLC arriver dans son quartier, fin octobre 2002.

L’avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba a toutefois demandé aujourd’hui au témoin de confirmer que le meurtre présumé a été commis le 30 octobre 2002.

« Non », a répondu le témoin qui déposait avec des mesures de protection, notamment une déformation numérique de la voix et du visage. Elle a ajouté qu’il était possible qu’il y ait eu une erreur dans la déclaration qu’elle avait faite aux enquêteurs de la CPI.

« Pouvez-vous confirmer à la Chambre la date à laquelle le meurtre de la femme qui [a marché]… devant votre habitation s’est produit ? », a demandé M. Kilolo-Musamba.

Le témoin a répondu, « C’était le lendemain ».

Dans son témoignage de la semaine dernière, le ‘’témoin 110’’ a indiqué comment les hommes armés du MLC avaient pillé des biens dans sa maison et dans celle de son voisin. Elle a déclaré que les soldats du MLC étaient arrivés près du mur d’enceinte de son voisin en octobre 2002 et y étaient restés jusqu’à la mi-février 2003.

Elle a ajouté que tandis qu’un groupe de soldats volait des marchandises dans la maison de son voisin et les chargeait dans un véhicule militaire, les autres soldats pillaient sa propre maison et avaient pris « tout ce qu’ils pouvaient ».

Toutefois, selon la déclaration que le témoin avait faite aux enquêteurs en mars 2009, dont des parties ont été lues par l’avocat de la défense lors de l’audience d’aujourd’hui, le témoin a affirmé que, après avoir fui sa maison, elle était souvent revenue dans sa maison afin de rassembler des effets ménagers.

« Combien de fois vous êtes-vous rendue dans votre maison ? », a demandé M. Kilolo-Musamba.

« Lorsque j’ai fui, je n’ai pas pris mes effets personnels avec moi, aussi nous avons tenté de revenir de temps en temps dans la maison pour rassembler des habits et d’autres petites choses de la maison », a répondu le témoin.

L’avocat de la défense a ensuite demandé au témoin pourquoi elle avait indiqué que les soldats avaient tout pris dans sa maison. Elle a répondu que, hormis les vêtements, il y avait « beaucoup d’autres biens de valeur dans la maison » que les pilleurs n’avaient pas pris.

Dans un autre extrait de la déclaration faite par le témoin aux enquêteurs du Bureau du Procureur (BdP) de la Cour, elle a indiqué que les soldats congolais de M. Bemba avaient occupé sa maison jusqu’au mois de février 2003 mais lors de son témoignage de la semaine dernière, elle a déclaré qu’ils avaient quitté sa maison le jour de leur arrivée, c’est-à-dire, à la fin du mois d’octobre 2002.

M. Bemba, un ancien vice-président de la République démocratique du Congo, a nié savoir que ses soldats commettaient des meurtres, des viols et des pillages en RCA et qu’il n’a pas réussi à les contrôler. Son procès devant la CPI a débuté en novembre dernier et a, jusqu’à présent, vu les procureurs appeler la moitié des 40 témoins cités à comparaître pour apporter des éléments de preuve contre M. Bemba.

Le ‘‘témoin 110’’ poursuivra son témoignage demain matin.


Contact