Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Aujourd’hui, un témoin à charge a déclaré que le groupe rebelle de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba avait mis en place un tribunal militaire afin de juger ses soldats suspectés d’être impliqués dans des viols, des meurtres et des pillages commis en République centrafricaine (RCA).

Témoignant avec une déformation numérique du visage et de la voix afin de protéger son identité du public, le témoin a indiqué que les procès visaient à « améliorer l’image du mouvement ».

Poursuivant son témoignage commencé la semaine dernière, le ‘‘témoin 33’’, dont la déposition semble indiquer qu’il était intégré au groupe de l’accusé, a affirmé que le tribunal avait été mis en place après l’établissement de nombreux rapports de terrain sur les crimes commis par les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) déployés dans le pays voisin.

Les procès qui, d’après le témoin, avaient débuté après le retrait des troupes de la capitale centrafricaine Bangui, avaient lieu dans la ville congolaise de Gbadolite, à quelques kilomètres au sud de la frontière avec la République centrafricaine. Gbadolite hébergeait le quartier général du groupe rebelle de M. Bemba, qui s’était rendu en RCA pour aider le président de l’époque Ange-Félix Patassé à combattre une tentative de coup d’état.

Sans indiquer le nombre exact de soldats inculpés ou la manière dont il avait eu connaissance de ce tribunal, le ‘‘témoin 33’’ a déclaré que seuls de simples soldats avaient été jugés. Il a affirmé qu’aucun officier de haut rang n’avait été puni pour les crimes qui auraient été perpétrés en RCA.

« Certains soldats ont été condamnés mais je ne peux pas vous donner plus de détails sur la nature des peines prononcées », a précisé le témoin.

Interrogé par le substitut du procureur Jean-Jacques Badibanga pour savoir si le MLC avait un code éthique sur lequel les procès s’étaient appuyés, le ‘‘témoin 33’’ a répondu par l’affirmative.

Le témoin a toutefois ajouté, « Le code de conduite était rédigé en français mais cette langue n’était pas comprise par les soldats issus des classes pauvres. » Il a indiqué que les recrues du MLC étaient illettrées et que, par conséquent, elles n’étaient pas informées de ce que le code exigeait d’elles.

Il a poursuivi en précisant, « Lorsqu’un problème survenait, on ressortait le code de conduite et on le brandissait. Les gens disaient qu’une règle avait été enfreinte et qu’en conséquence, il devait y avoir une sanction ».

Le ‘‘témoin 33’’ a également déclaré que le MLC possédait un « tribunal exceptionnel » dont les membres étaient désignés par M. Bemba en sa qualité de commandant en chef, après consultation de l’état-major militaire. Le témoin a indiqué que les procès et les sentences de ce tribunal étaient basés sur les ordres de M. Bemba et que les juges les appliquaient simplement afin qu’ils paraissent avoir une « forme militaire ou judiciaire ».

Il a expliqué que le tribunal qui jugeait les personnes suspectés de commettre des crimes dans le pays voisin était une réplique de cette juridiction d’exception mais il n’a pas précisé en séance publique quel était le rôle que M. Bemba avait joué personnellement dans les procès des personnes impliquées dans les crimes perpétrés en RCA.

M. Bemba est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour manquement présumé à discipliner ses soldats qui ont commis des actes de violence sur des civils centrafricains. Il a nié les deux crimes contre l’humanité et les trois crimes de guerre pour lesquels il est poursuivi.

Les avocats des victimes interrogeront le ‘‘témoin 33’’ mardi matin.


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