Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Le procès de Jean-Pierre Bemba, qui a débuté devant la Cour pénale internationale (CPI) en novembre dernier, a marqué une pause aujourd’hui en raison de l’indisponibilité d’interprètes pour traduire la déposition d’un témoin.

Les audiences du procès devaient se tenir toute la semaine. Toutefois, après que le 33 ème témoin à charge ait conclu son témoignage ce matin, le juge président Sylvia Steiner a annoncé que les audiences reprendraient lundi prochain, sous réserves de confirmation.

Le juge Steiner a déclaré, « Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de confirmer précisément la date de reprise ni le début du témoignage du témoin 213… cela dépend de la disponibilité des interprètes de lingala qui sont actuellement débordés avec le procès Katanga et Ngudjolo.

Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga, deux citoyens congolais, sont conjointement accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qui auraient été commis lorsqu’ils dirigeaient des milices dans la province congolaise d’Ituri. Leur procès devant la CPI a débuté en novembre 2009.

Dans une décision rendue jeudi dernier, les juges avaient indiqué que le témoin à venir avait demandé à témoigner en lingala, une langue largement parlée en République démocratique du Congo (RDC). Les juges ont ensuite fait remarquer que les interprètes de lingala auprès de la Cour, d’un nombre « limité », allaient travailler sur la traduction du témoignage de M. Ngudjolo.

Puis le juge Steiner a exprimé le souhait de la chambre que le procès soit rapide et a fait appel au Bureau du Procureur (BdP) et à l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) pour établir la disponibilité des autres témoins afin qu’ils témoignent entretemps. Il semble maintenant que le VWU et le BdP aient été incapables de présenter le témoignage de ces témoins.

M. Bemba, également citoyen congolais, est jugé devant la CPI pour manquement à arrêter et punir ses troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) lorsqu’elles auraient viol, tué et pillé dans la République centrafricaine voisine entre octobre 2002 et mars 2003. Ses combattants étaient présents en RCA pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à écarter une tentative de coup d’état.

Les témoins entendus, jusqu’à présent, au cours du procès Bemba ont principalement témoigné en français ou en sango, un dialecte centrafricain.

Dans son exposé introductif, l’l’accusation a déclaré que le ‘‘témoin 213’’, un ancien membre du MLC, témoignerait « que M. Bemba avait informé ses forces du MLC à Zongo, immédiatement avant leur déploiement en RCA ».

D’après la déclaration que ce témoin avait enregistrée avec les enquêteurs de la CPI, M. Bemba avait déclaré à ses troupes, « Vous allez en RCA. Ce n’est pas notre pays. Dans ce pays, il n’y a pas de parents, de grands frères ou de grandes sœurs. Lorsque vous y serez, ce que je vous demande de faire c’est de considérer comme ennemi toute personne croisée dans les zones de combat car j’ai eu des informations indiquant que l’ennemi porte des habits civils ». Il a également été indiqué dans l’exposé introductif de l’accusation que le ‘‘témoin 213’’ connaissait personnellement M. Bemba et avait vécu avec lui pendant quelques années.

Entretemps, ce matin, un ancien adjoint du chef d’état-major de l’armée centrafricaine du temps du régime de M. Patassé, a conclu sa déposition. Le témoignage du colonel Thierry Lengbe s’est axé sur le Centre de commandement des opérations (CCO) qui coordonnait les opérations militaires pendant la tentative de coup d’état et sur les relations de travail du centre avec le MLC.

Lors du contre-interrogatoire, le colonel Lengbe a déclaré que les autorités centrafricaines avaient fourni aux troupes congolaises des véhicules pour faciliter leur transport. « Ils avaient des plaques minéralogiques soit des Forces Armées Centrafricaines [FACA] soit de la garde présidentielle », a indiqué le colonel.

De plus, le colonel Lengbe a déclaré que certaines personnes de la milice de M. Bemba avait reçu des téléphones mobiles avec lesquels elles communiquaient avec le centre de commandement.

Le procès devrait reprendre lundi matin, 14 novembre.


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