Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Mardi, la défense de l’accusé de crimes de guerre Jean-Pierre Bemba a interrogé le 32ème témoin cité à comparaître par les procureurs au sujet de photographies des combattants de l’accusé qu’il a affirmé avoir prises.

L’avocat de la défense Peter Haynes a montré une photographie à Cyprien-Francis Ossibouyen et lui a demandé où elle avait été prise. Le témoin a répondu qu’il avait pris la photo sur le « quai de Bangui » avec un déclencheur à distance. La photo représentait le témoin accostant, une colline et une ville avec le fleuve Oubangui à l’arrière plan.

M. Ossibouyen a déclaré que la colline et la ville étaient celles de Zongo en République démocratique du Congo (RDC).

M. Haynes a ensuite présenté deux autres photographies montrant les mêmes arrière-plan et horizon nuageux d’après-midi que dans la première photo. Les deux photographies montreraient prétendument des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC). Certains de ces soldats étaient entourés de caisses tandis que d’autres se tenaient debout à côté d’un bateau.

M. Haynes a soutenu que l’arrière-plan dans ces deux photographies était la même colline de Zongo que celle visible dans la première photo. Interrogé pour savoir où ces deux photographies avaient été prises, le témoin a affirmé que c’était à Zongo.

Jeudi dernier, l’accusation a présenté les mêmes photographies comme preuve du chargement de caisses de munition par des soldats du MLC à bord du ferry que M. Ossibouyen utilisait pour les transporter de RDC à Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA).

« Maintenez-vous que cette photographie a été prise à Zongo et non à Bangui ? », a demandé l’avocat de la défense.

« Ce qui m’intéressait, c’était la milice. Je les ai filmés à Zongo dans l’intérêt de l’histoire et nous sommes en train de la vivre. Je ne filmais pas la colline ou la montagne », a répondu M. Ossibouyen.

Il a confirmé que les deux photographies, montrant certains soldats présumés du MLC regardant l’appareil photo, avaient été prises sans qu’ils le sachent car il avait dissimulé le flash.

L’essentiel du contre-interrogatoire de M. Ossibouyen s’est déroulé à huis clos. Hier, le témoin a exprimé son inquiétude quant à la sécurité de sa famille bien qu’il ait continué à témoigner en public.

Cet après-midi, il a déclaré que, lors de la pause déjeuner, il avait téléphoné à sa famille et « avait obtenu de nouvelles informations ». Le juge président Sylvia Steiner a ensuite ordonné la poursuite de l’audience à huis clos. Il n’a donc pas été possible d’éclaircir la nature des inquiétudes de M. Ossibouyen.

M. Bemba est jugé à La Haye devant la Cour pénale internationale pour les meurtres, viols et pillages présumés commis par le MLC en RCA pendant le conflit armé de 2002-2003. Bien que M. Bemba n’ait pas été présent dans ce pays à l’époque, en tant que commandant en chef, il est tenu pénalement responsable des crimes présumés. Sa responsabilité découle de son manquement à arrêter ou punir ses troupes déchaînées.

Le procès se poursuivra demain matin, avec le contre-interrogatoire de M. Ossibouyen.

 


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