Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

La deuxième victime témoignant contre Jean-Pierre Bemba a remis en cause aujourd’hui les images vidéo montrées devant la Cour par la défense qui décrit les soldats appartenant au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de l’accusé comme des « libérateurs ».

Judes Mbetingou a déclaré que les images vidéo présentant des interviews d’habitants de la ville de Sibut réalisées par le journaliste Gabriel Kahn de Radio France Internationale (RFI) étaient « montées ».

Depuis qu’il a débuté son témoignage dans le procès jeudi dernier, M. Mbetingou a indiqué que les soldats congolais de M. Bemba « avaient tout dévasté » pendant leur séjour de deux semaines à Sibut. Il a déclaré que les habitants de cette ville de République centrafricaine (RCA), notamment les représentants de l’autorité, s’étaient enfuis dans la brousse à la suite de l’arrivée des combattants de l’accusé, le 24 février 2003.

Le maire de la ville, qui figurait parmi ceux qui avaient fui, a été présenté par M. Mbetingou comme étant resté dans la brousse « pendant plusieurs semaines » jusqu’à ce que François Bozizé renverse le régime du président Ange-Félix Patassé en mars 2003.

Dans les images vidéo projetées devant la Cour aujourd’hui, le maire a été montré dans une interview réalisée par M. Kahn, dans laquelle il déclarait avoir fui sa maison en octobre 2002 pendant près de trois mois à la suite de l’arrivée des forces rebelles de M. Bozizé. Le maire a ajouté que les rebelles avaient fait fuir les habitants de leurs maisons et les avaient poussés à se réfugier dans la brousse et à « vivre comme des animaux ».

« Nous survivions grâce aux feuilles de manioc et avec ce qu’on avait, comme les peuples indigènes. Ils [rebelles] cherchaient à m’arrêter ainsi que tous les représentants de l’autorité. Ils voulaient nos têtes », déclarait le maire dans cette vidéo.

Le maire a raconté les nombreuses plaintes qu’il avait reçu verbalement de la part de civils concernant des pillages et des viols commis par les rebelles de M. Bozizé. Le maire a ensuite remercié les forces loyalistes de M. Patassé, y compris le MLC, pour avoir libéré Sibut et lui avoir permis ainsi qu’aux autres habitants de revenir à une « vie normale ». Il a suggéré que les soldats du MLC restent dans la ville jusqu’à ce que les habitants se sentent totalement en sécurité.

« Reconnaissez-vous l’homme de la vidéo ? », a demandé l’avocat de la défense Peter Haynes.

« C’est l’adjoint au maire », a répondu M. Mbetingou, qui est également connu sous le nom de victime a/1317/10.

« Je dirais qu’il s’agit du maire [de Sibut] et qu’il revenait en ville tout juste deux jours après que les Banyamulenge [soldats congolais] n’arrivent », a déclaré M. Haynes.

« Cette personne, je ne la connais pas. Je ne comprends pas ce film. C’est une mise en scène », a répondu la victime.

M. Bemba est poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité découlant de son manquement présumé à contrôler ses troupes qui auraient violé, tué et pillé alors qu’elles étaient déployées lors du conflit armé centrafricain. Les troupes congolaises s’étaient rendues dans le pays voisin pour aider M. Patassé à combattre une tentative de coup d’état menée par M. Bozizé. Les procureurs de la Cour pénale internationale affirment que la progression du MLC dans le pays a été marquée par des crimes généralisés perpétrés à l’encontre des civils.

Dans une autre vidéo montrée devant la Cour, un habitant de Sibut affirmait que les rebelles de M. Bozizé avaient tué un grand nombre de membres de sa famille. Il exprimait sa gratitude aux soldats de M. Bemba pour les avoir libérés des quatre mois d’occupation de la ville par les rebelles de M. Bozizé.

Interrogé par M. Haynes pour savoir s’il avait reconnu l’habitant comme une personne résidant à Sibut, M. Mbetingou a répondu que la vidéo ne reflétait pas la réalité ». Il a indiqué que, « L’ensemble de la vidéo a une orientation politique aussi je doute vraiment de la véracité de ces propos ».

M. Haynes a ensuite suggéré à la victime que, comme l’affirment les personnes de la vidéo, les rebelles de M. Bozizé avaient effectivement occupé Sibut d’octobre 2002 à février 2003 et avaient perpétré des crimes dans la ville.

« Ces personnes mentent. Aucune personne normale et censée n’aurait fait ces déclarations », a répondu la victime. « Si les rebelles de M. Bozizé avaient commis des actes de violence, je vous l’aurais dit ».

La fin de la déposition de M. Mbetingou clôt le témoignage des deux victimes autorisées à apporter un témoignage oral. Trois autres victimes présenteront leurs vues et préoccupations par des moyens qui doivent encore être déterminés par les juges. L’accusation et les avocats des victimes ont suggéré que ces victimes puissent témoigner par le biais d’un lien vidéo.

Avant la levée de la séance par la Cour cet après-midi, le juge président Sylvia Steiner a annoncé que la « prochaine étape de procédure pour le procès » serait communiquée en temps utile.

 

3 Commentaires
  1. mais ma question :au vu de l’évolution du procès est ce que le sénateur Bemba ne peut pas bénéficier de la liberté provisoire et conditionnelle ? car apparemment le dossier est vide et les contradictions s’accumulent de jour en jour dans les dépositions des témoins a charges et tout ceci commence a sentir la comédie digne de la justice argentine de l’époque de VIDELA.

  2. C’est n’importe quoi maintenant le temoin veut nous faire croire que la RFI à travers ces reportages racontent des mensonges.
    Liberez Bemba car c’est vraiment du theatre, voici par ailleurs un extrait du document de RFI à l’epoque des faits:
    Centrafrique
    Contre-offensive victorieuse des rebelles congolais
    Depuis la mi-février, les forces loyalistes au président Ange-Félix Patassé, soutenues par les rebelles congolais de Jean-Pierre Bemba ont repris tout un collier de villes aux rebelles de Bozizé, encadrés par des officiers tchadiens. Cette contre-offensive victorieuse a permis au président Patassé de desserrer l’étaux des rebelles autour de Bangui et au MLC de Jean-Pierre Bemba, dont l’état major est à Gbadolite, de rouvrir la route commerciale stratégique qui relie Gbadolite à Bangui, via la ville de Mobaye, sur la rivière Oubangui.

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    De notre envoyé spécial à Sibut

    Des maisons en torchis surmontées de toits en tôle. Une rivière qui se love comme un serpent. Une route poussiéreuse en cette saison sèche: Sibut est plus un grand village qu’une ville. Située à 180 kilomètres au nord de Bangui, à mi-chemin entre la République Démocratique du Congo et le Tchad, cette localité tranquille avait été prise en octobre dernier par les rebelles de Bozizé. L’occupation s’est passé sans heurts majeurs entre les rebelles et la population, mais la plupart des bâtiments administratifs, symboles du pouvoir du président Patassé ont été saccagés et pillés. Presque toutes les autorités administratives ont fui. Beaucoup ont trouvé refuge à Bangui. D’autres ont pénétré dans les forêts environnantes, à proximité des villages.

    Les rebelles congolais du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba qui ont repris cette localité sans combats le 14 février dernier, y circulent dans une vieille jeep. Le chauffeur, Kalachnikov en bandoulière, arbore un foulard aux couleurs des États-Unis. A ses côtés, son commandant, le major Kamis Losuna, s’est fait pousser une barde à la «Ben Laden». C’est dire à quel point ici les repères sont flous. Les «États-Unis», «Ben Laden». L’un et l’autre représentent avant tout aux yeux de ces congolais le symbole de la violence. Et, faute d’une idéologie plus élaborée, cela leur donne une caution aux yeux de leur troupe: principalement des enfants.

    Une partie de population de Sibut, terrorisée par la prise de la ville en octobre dernier par les rebelles de Bozize, était toujours en fuite le 21 février, une semaine après la reprise de Sibut par les forces loyalistes soutenues par les Congolais du MLC. Mais le vicaire de la paroisse de la Sainte Famille, l’une des rares autorités qui a eu le courage de rester durant l’occupation de la ville par les rebelles majoritairement musulmans de Bozizé, se veut rassurant.

    «Les diamants aux Africains»

    «En tant qu’institution, l’Église catholique n’a pas voulu se laisser dominer. Nous avons essayé de vivre malgré les pillages. Nous avons dit aux gens de ne pas courir dans la brousse où il y a de serpents. Quant aux rebelles de Bozize et aux rebelles congolais, ils ont effectivement fait des exactions, des vols surtout, mais de façon isolée», assure l’abbé Yambassa.

    Il est assis sur une chaise à l’ombre d’un manguier aux côtés des autres autorités de la ville et notamment du maire de Sibut, Gabriel Dotte, qui vient à peine de sortir de la forêt où il s’est caché durant plus de trois mois. «Les rebelles de Bozizé sont arrivés en catastrophe dans la ville en octobre dernier. Ils m’ont tout ramassé dans la maison. Actuellement je suis nu et j’ai perdu 25 kg», explique-t-il. La prétendue nudité du maire de Sibut est contredite néanmoins par son habillement: une chemise et un pantalon.

    Une délégation gouvernementale conduite par des militaires du MLC est arrivée à Sibut vendredi dernier avec des journalistes à bord d’un hélicoptère affrété par le MLC. Soucieux de rassurer la population, Thomas Luhaka, l’un des cadres militaires de Jean-Pierre Bemba, a déclaré aux femmes et aux enfants pressés devant lui, qu’il était «temps que les richesses de l’Afrique reviennent aux Africains… Notamment les diamants…».

    Une préoccupation de rendement partagée par Lionel Ganne Beffio, un Breton d’une quarantaine d’année qui dit avoir passé 23 ans en République Centrafricaine et qui porte aujourd’hui le titre peu ordinaire de «gouverneur du palais de la Renaissance» et de «chargé de mission particulier à la présidence de la République». Selon Lionel Ganne Beffio, qui parle avec une arme automatique dans sa main droite, «comme chacun le sait, le pétrole puisé au Tchad se trouve dans une marmite située à 75% sur le territoire centrafricain. Dans les transactions faites par les grands groupes pétroliers, la RCA et son peuple ont été complètement oubliés. Or, le président Patassé demande à bénéficier d’une part des recettes dégagées par le pétrole tchadien qui est aussi le nôtre».

    Cependant, pour Jean-Pierre Bemba, cette contre-offensive fait déjà partie du passé. «Nous ne sommes pas allés en RCA pour violer les gens mais à l’appel d’un président élu et pour sauver son régime. C’est ce que nous avons fait. Mais notre but n’est pas de rester en RCA pour y faire la police. Cette mission revient à la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac)», explique-t-il à l’occasion d’une conférence de presse sur les rives si pacifiques du fleuve Oubangui, qui sépare la République centrafricaine de la République Démocratique du Congo. D’ici, Bangui est à moins d’une journée de route. Et le régime de Patassé dépend entièrement du soutien des troupes de Jean-Pierre Bemba.

    par Gabriel Kahn
    Article publié le 26/02/2003
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  3. on remarque l’acharnement qu’ont les témoins fabriqués de toute pièce de protéger FRANÇOIS BOZIZE qui est le chef des auteurs des crimes qu’on reproche aujourd’hui à Bemba et la justice internationale se doit d’éviter de tomber dans le piège d’une cabale orchestré pour faire condamner sur l’autel des intérêts obscures un homme qui n’est pas parfait mais n’est pas aussi coupable qu’on veut nous le faire voir et ceci expliquant cela je parie que la CPI joue son avenir car au vu des témoignages déposés à charges(manque de cohérences dans les témoignages,contradictions,parjures tec…)les juges si elles sont honnêtes avec leurs conscience et juste elles se doivent de déclarer Bemba innocent et le relaxer car cela aussi son rôle de rétablir la vérité.


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