Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Un témoin qui avait passé 38 jours retenu par les rebelles de François Bozizé, l’actuel président de la République centrafricaine (RCA), a déclaré que certain d’entre eux parlaient le lingala, une langue congolaise.

Prosper Ndouba, un ancien porte-parole du défunt président Ange-Félix Patassé, qui avait été renversé par M. Bozizé en mars 2003, a poursuivi aujourd’hui son témoignage au procès de Jean-Pierre Bemba qui se déroule actuellement devant la Cour pénale internationale (CPI).

Vendredi dernier, M. Ndouba a indiqué que les rebelles de M. Bozizé parlaient une langue locale, le sango mais que les tchadiens parlaient arabe et un « mauvais français ». Aujourd’hui, les procureurs l’ont interrogé sur les divergences existant entre son témoignage apporté devant la Cour et le récit qu’il avait donné dans un livre en 2006.

Dans ce livre, le témoin décrit le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de M. Bemba comme étant des locuteurs de lingala. Cet après-midi, M. Ndouba a déclaré que, bien que cela ne soit pas mentionné dans le livre, certains des rebelles de M. Bozizé parlaient également lingala. « Lorsque j’étais avec eux au PK 12 [Point Kilomètre 12], certains de ces rebelles parlaient lingala entre eux. Ils ont indiqué que c’était pour qu’ils soient pris pour des troupes du MLC et non des rebelles », a expliqué le témoin.

« Pourquoi les rebelles de M. Bozizé auraient parlé lingala et prétendu être quelqu’un d’autre si le MLC n’était pas présent en RCA à l’époque ? », a demandé l’avocat de l’accusation Petra Kneur.

« Ils s’attendaient à ce qu’il [le MLC] arrive », a répondu l’ancien porte-parole présidentiel. Il n’a pas indiqué le nombre de soldats centrafricains qu’il avait entendu parler lingala.

Les procureurs ont également interrogé M. Ndouba sur la réunion de décembre 2002 qu’il avait eu avec Mustafa Mukiza, le commandant des troupes de M. Bemba stationnées dans le pays en conflit.

Le témoin a déclaré que, après que les rebelles l’aient relâché, il avait rencontré le général Mukiza qui souhaitait obtenir de lui des informations relatives à la position des rebelles, au type de munitions qu’ils possédaient ainsi que d’autres renseignements.

« Confirmez-vous que la réunion a eu lieu dans une habitation privée ? », a demandé Mme Kneur.

« Oui, c’était bien une maison privée », a répondu M. Ndouba. Il a expliqué que la maison appartenait à un civil mais qu’elle « avait été affectée » au général par les autorités de la RCA. Il ne savait pas si le propriétaire était payé pour cette utilisation.

M. Ndouba avait également rencontré Ferdinand Bombayake qui dirigeait la garde présidentielle centrafricaine qui avait initié le combat contre les insurgés. Le général ne lui avait cependant posé aucune des questions posées par le général Mukiza.

Bien que le témoin ait déclaré au tribunal la semaine dernière n’avoir eu aucun contact avec sa famille durant sa captivité, il a aujourd’hui admis que, tel que décrit en détails dans son livre intitulé L’otage du général rebelle centrafricain François Bozizé, des membres de sa famille l’avaient visité à deux reprises.

M. Ndouba avait également précédemment affirmé que, au moment de sa captivité et tout au long des 38 jours, aucune autre force armée n’était présente dans la capitale Bangui. Il raconte toutefois dans son livre avoir entendu des conversations entre ses ravisseurs indiquant que les forces du MLC avaient pris des positions dans la capitale le soir du 25 octobre 2002.

Interrogé par Mme Kneur au sujet de ses incohérences, M. Ndouba les a attribuées à des « rumeurs » qui circulaient à l’époque. « Je crois que c’était après qu’ils [le MLC] soient arrivés. Ce n’était pas immédiatement après mon enlèvement », a-t-il déclaré.

M. Bemba, un ancien vice-président du Congo, est jugé devant la CPI depuis novembre 2010. Il est poursuivi pour manquement à contrôler ou à punir ses troupes alors qu’elles mettaient à sac le pays voisin pendant les années 2002 et 2003. Il a nié les deux crimes contre l’humanité (viol et meurtre) et les trois crimes de guerre (viol, meurtre et pillage).

L’accusation poursuivra le contre-interrogatoire de M. Ndouba demain matin.

 

1 Commentaire
  1. Les africains suivent se proces de pret et on est convaincu que notre leader, notre frère, le vrai fils du pays est proche de la sortie. Je demande à tout nos président africains de suivre se proces à la loupe et si une foi la CPI détournait la verité, retirez nos pays de cette machine des blancs.


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