Le procès de

Jean-Pierre Bemba Gombo

L’accusé

Aujourd’hui, les procureurs ont contesté les allégations du témoin de la défense selon lesquelles les combattants du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba n’étaient entrés sur le territoire de la République centrafricaine (RCA) avant le 29 octobre 2002. Les procureurs ont présenté un document indiquant, selon eux, que les troupes avaient rejoint le conflit quatre jours plus tôt que la date donnée par le témoin.

Un ancien membre du MLC, le ‘‘témoin D04-49’’, a témoigné aujourd’hui pour la deuxième journée lors du procès qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI). Il a insisté sur le fait que, bien qu’un petit groupe de combattants du MLC s’était rendu dans le pays en conflit le 26 octobre 2002, ils étaient tous retournés au Congo le même jour.

Ces soldats étaient venus pour préparer la logistique et la sécurité du déploiement de 1 500 soldats dans le but de soutenir le président menacé de ce pays, Ange-Félix Patassé. Il a indiqué que ce déploiement avait été effectué les 29 et 30 octobre 2002.

L’avocat de l’accusation, Jean-Jacques Badibanga, a présenté un document provenant des autorités judiciaires congolaises relatif à la poursuite et à la condamnation du lieutenant Willy Bomengo, un membre du détachement en question. Dans le document, ce soldat déclare aux enquêteurs qu’il a été arrêté le 30 octobre 2002 sur des accusations selon lesquelles il aurait pillé des biens à Bangui, la capitale de la RCA, le 26 octobre 2002.

M. Badibanga a demandé si, durant les quelques heures pendant lesquelles le détachement était resté à Bangui le 26 octobre, le lieutenant Bomengo aurait pu faire toutes les choses qu’il aurait commises, d’après le rapport d’enquête, avant son arrestation. Ces dernières comprennent une implication présumée dans les pillages, la conduite d’enquêtes sur quatre citoyens tchadiens, y compris le fait de prendre leurs déclarations et de conclure qu’ils étaient innocents des charges mentionnées devant le tribunal.

De plus, le rapport indiquait que, pendant cette période, le lieutenant Bomengo avait confisqué les biens pillés et les avait donnés au général Mustafa Mukiza, le commandant en chef des troupes de M. Bemba déployées en RCA.

Le ‘‘témoin D04-49’’ a déclaré, « Il s’agissait d’un officier du renseignement qui avait été interrogé et qui cherchait une manière de se décharger » et qu’il avait peut-être antidaté les évènements pour des motifs qui lui étaient propres. Le témoin a également remis en cause l’authenticité du document.

Le témoin a affirmé avoir assisté à des réunions relatives au déploiement des soldats du MLC dont une de ces réunions s’était tenue le 27 octobre 2002. Le général Mukiza et le chef d’état-major du MLC, le colonel Dieudonné Amuli, ont également assisté à cette rencontre. Le témoin a répété qu’aucune troupe n’avait été déployée avant le 29 octobre.

La date d’arrivée des combattants du MLC sur le territoire centrafricain est une question fortement contestée dans ce procès. Les procureurs ont accusé les combattants du MLC des crimes évoqués par différents témoins, qui ont été commis dès le 25 octobre 2002. La défense a cependant déclaré que M. Bemba avait déployé ses troupes dans le conflit le 29 octobre et que, par conséquent, ces crimes avaient été commis par d’autres groupes armés que le MLC.

En effet, M. Bemba attribue les atrocités perpétrées pendant le conflit qui s’est déroulé d’octobre 2002 à mars 2003 à la myriade de milices impliquées dans les combats, notamment la faction dirigée par le président actuel du pays, François Bozizé. Il a déclaré que, dès qu’il avait entendu dire que certains de ses soldats avaient commis des crimes, il avait rapidement lancé des enquêtes et des poursuites à leur encontre puis avait demandé également au secrétaire général des Nations Unies de mettre en place une commission d’enquête internationale.

L’accusation poursuivra le contre-interrogatoire du ‘‘témoin D04-49’’ demain matin.