Aujourd’hui, un témoin a déclaré que Jean-Pierre Bemba avait formé une commission pour enquêter sur la conduite de ses combattants immédiatement après avoir reçu un rapport d’une organisation de défense des droits de l’homme soutenant que des membres du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) commettaient des crimes.
Témoignant pour sa troisième journée, le ‘‘témoin D0-21’’ a indiqué que des membres de la commission d’enquête s’étaient rendus dans la zone de guerre en République centrafricaine (RCA) mais que leur enquête avait exonéré les troupes pour tous les crimes graves.
« La délégation de Sibut ne nous a parlé d’aucun cas de meurtre », a affirmé le témoin qui a occupé un poste supérieur au sein du MLC. Il a indiqué que la délégation n’avait pas trouvé de cas de viol non plus.
M. Bemba est accusé de manquement à arrêter ou à punir ses soldats qui auraient perpétré des viols, des meurtres et des pillages généralisés en RCA en 2002 et 2003. Bien qu’il n’ait pas été personnellement présent dans le pays en conflit, il est jugé, en tant que chef du groupe, devant la Cour pénale internationale (CPI) pour manquement à contenir ses troupes. Il a nié les accusations.
Le témoin, qui effectuait sa déposition via un lien vidéo en raison de son impossibilité à se rendre au siège de la Cour, a déclaré que la délégation qui s’était rendue à la ville de Sibut était accompagnée de journalistes. L’équipe avait passé une journée dans la ville centrafricaine et avait interviewé de nombreuses personnes afin de découvrir la vérité.
Il a témoigné que, outre le fait qu’il avait ordonné une enquête, M. Bemba avait écrit aux représentants de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), l’organisation des droits de l’homme qui avait réalisé le rapport sur les violations des droits de l’homme afin de rechercher plus d’informations sur les crimes présumés. Le témoin n’a pas indiqué quelle réponse, s’il y en a eu une, M. Bemba avait reçu.
Le témoin a affirmé que « le rapport de la mission transmis à M. Bemba a été le suivant : le contingent du MLC à Sibut avait de bonnes relations avec la population civile. Deuxièmement, il y avait eu des actes de violence à Sibut et la population les attribuait aux rebelles de François Bozizé. »
L’équipe a également signalé « certains cas d’inconduite de la part de soldats du MLC mais les commandants de l’unité avaient mis un arrêt à celle-ci ». Enfin, la délégation a indiqué que certains des habitants de Sibut étaient concernés par le départ imminent du contingent du MLC puisqu’ils redoutaient que les rebelles ne reviennent agresser les civils.
Le ‘‘témoin D04-21’’ a déclaré que la délégation avait fait un rapport oral mais qu’aucun compte rendu écrit de celui-ci n’existait. « Il y a eu des images vidéo », a-t’il ajouté. Des images de l’enquête ont été projetées à la Cour hier. Elles montraient le maire de Sibut, le chef d’une église locale et des habitants anonymes décrivant les actes de violence subis de la part des rebelles de M. Bozizé dont l’objectif était de renverser le gouvernement que les troupes de M. Bemba soutenaient. Les interviewés exprimaient leur gratitude aux troupes congolaises pour « les avoir libérés ».
Selon le témoin, la délégation a indiqué que quatre soldats du MLC avaient été impliqués dans le vol de vêtements et de bicyclettes.
Interrogé par l’avocat de l’accusation Jean-Jacques Badibanga pour savoir pourquoi Sibut était le seul endroit que la délégation avait visité, le ‘’témoin D04-21’’ a déclaré qu’il ne savait pas ce qui avait orienté le choix de cette ville.
M. Badibanga a également demandé pourquoi les journalistes avaient été invités à participer à la mission. Le témoin a répondu, « Je crois que la principale motivation de la présence de locaux et de la presse internationale était de collecter les bonnes informations sans risque de les dénaturer ».
Le ‘’témoin D04-21’’ a également affirmé que le grade militaire donné à M. Bemba était honorifique du fait de son statut de dirigeant politique du MLC.
« Le grade de général de division donné à M. Bemba était honorifique et non un grade donné en fonction de ses connaissances ou expérience militaires », a-t’il indiqué.
Le témoin a déclaré que l’accusé possédait des connaissances militaires « élémentaires » et que par conséquent, il ne pouvait prendre seul des décisions importantes concernant les opérations militaires.
Le contre-interrogatoire du ‘‘témoin D04-21’’ par l’accusation se poursuivra demain matin.