Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo a exclu M. Bemba de la course à la présidence de ce grand pays centrafricain, après avoir décidé que sa condamnation de 2016 pour subornation de témoin devant la Cour pénale internationale (CPI) rendait sa candidature irrecevable.

Bemba, un ancien chef rebelle et vice-président, est revenu au Congo le mois dernier, après avoir été détenu une décennie à La Haye, à la suite de son acquittement des charges pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Toutefois, le 24 août, la commission électorale a refusé de l’inclure dans la liste des candidats pour les élections de décembre 2018, mettant en avant la condamnation de M. Bemba prononcée par le tribunal international dans son deuxième procès pour subornation de témoin.

Il a fait appel auprès de la Cour constitutionnelle du pays qui a prononcé son verdict lundi de cette semaine, confirmant la décision de la commission électorale, selon laquelle étant donné que la loi électorale du pays excluait toute personne ayant été condamnée pour corruption, la condamnation de M. Bemba devant la CPI rendait sa candidature irrecevable. La Cour constitutionnelle a décidé que les charges pour lesquelles il a été condamné devant la CPI étaient équivalentes à de la corruption.

Bemba a été condamné avec ses deux anciens avocats pour avoir suborné certains de ses témoins qui ont témoigné dans son procès principal afin qu’ils apportent des faux témoignages. Les délits sont passibles d’une peine maximum de cinq ans de prison, d’une amende ou des deux. Les peines seront annoncées à La Haye le 17 septembre.

À la suite de la décision prononcée par la Cour constitutionnelle, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), le parti dirigé par M. Bemba, aurait demandé que la CPI « précise » sa décision à l’encontre de M. Bemba, arguant qu’il avait été arbitrairement exclu par la Cour constitutionnelle. Il a également appelé à tenir une réunion d’urgence pour examiner la situation et a menacé d’encourager des protestations de masse.

De son côté, M. Bemba aurait déclaré au Financial Times que « la Cour constitutionnelle, comme la commission électorale, sont des institutions qui reçoivent des ordres du pouvoir en place, qui veut choisir les candidats qui s’opposeront à la personne choisie par le régime ». Il a qualifié les élections imminentes de honte, déclarant qu’elles étaient contrôlées par le gouvernement.

Bemba est le second candidat de l’opposition d’importance à être exclu de la candidature à la présidence. Moise Katumbi, un riche homme d’affaires et gouverneur de la province Katanga regorgeant de minerais, a été interdit, le mois dernier, de revenir dans son pays natal pour déposer sa déclaration de candidature. Il vit en exil en Belgique depuis mai 2016, après avoir fui le Congo à la suite d’une menace d’arrestation pour trahison. Il a été condamné in absentia pour des fraudes immobilières présumées.

Le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 lorsqu’il a succédé à son père assassiné, soutient Emmanuel Ramazani Shadary en tant que candidat de la coalition au pouvoir. Ministre de l’intérieur entre 2016 et février 2018, M. Shadary a supervisé la violente répression sur les manifestants exigeant la fin du régime de M. Kabila

Les résultats des sondages d’opinion publiés à la fin du mois de juillet ont montré que les trois principaux candidats d’opposition ont chacun entre 17 et 19 pour cent des votes, tandis que les candidats de la coalition au pouvoir obtiendraient un total de 19 pour cent.

Avec deux des trois principaux candidats d’opposition éliminés de la course, Félix Tshisekedi, chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), reste la plus forte menace pour le candidat de la coalition au pouvoir. Il a repris les commandes du principal parti d’opposition l’année dernière, après le décès de son leader de long date, qui était aussi son père, Étienne Tshisekedi. Il est considéré comme ayant moins d’expérience que M. Bemba, qui a été vice-président et sénateur.

Entre 1998 et 2003, le MLC, avec l’aide du gouvernement ougandais, est entré en guerre contre le gouvernement du Congo. À la suite d’un accord de paix, M. Bemba est devenu un des quatre vice-présidents du pays, entre juillet 2003 et décembre 2006.

Lors de l’élection présidentielle d’août 2006, il est arrivé deuxième avec 20 pour cent des votes, derrière M. Kabila, qui a récolté 44 pour cent des votes. Entre les deux tours, M. Kabila a été déclaré gagnant avec 58 pour cent des votes. Début 2007, M. Bemba a obtenu un siège au Sénat situé dans la capitale mais on ne sait pas clairement s’il sera autorisé à occuper la fonction de sénateur après sa condamnation devant la CPI.


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