Le témoin qui affirmait avoir assisté au viol collectif de femmes par les soldats de Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a admis aujourd’hui qu’il y avait des divergences entre les déclarations qu’il avait faites aux enquêteurs de la CPI en 2008 et le témoignage oral apporté devant la Cour.
Le témoin, qui concluait son témoignage dans le procès Bemba qui se déroule devant la Cour pénale internationale (CPI), a donné l’essentiel de sa déposition à huis clos.
Au cours du contre-interrogatoire mené par l’avocat de la défense Peter Haynes, des extraits de sa déclaration ont été présentés à Cyprien-Francis Ossibouyen qui a admis que le premier incident impliquant des brutalités présumées du MLC avait eu lieu à une heure différente de la journée que celle qu’il avait précédemment citée.
« Je maintiens ce qu’il y ai dit [dans les déclarations]. S’ils disaient qu’ils [MLC] venaient à 1900, c’est ce qui se passait », a-t-il déclaré.
La semaine dernière, lors de l’interrogatoire mené par l’accusation, le témoin a affirmé que 22 hommes armés étaient montés avec huit femmes sur le ferry qu’il utilisait pour les transporter entre la République centrafricaine (RCA) et le Congo. Les congolais auraient traité les femmes centrafricaines comment « des animaux ». Le témoin a indiqué la semaine dernière que cet évènement avait eu lieu « dans l’après-midi » alors que le soleil était encore haut.
Cette semaine également, M. Ossibouyen a indiqué à la Cour que le second viol collectif s’était passé la nuit dans les locaux d’une base centrafricaine. Le témoin, également connu sous le nom de ‘‘témoin 47’’, a précisé que le groupe de 26 à 30 soldats du MLC avaient violé 12 femmes.
Toutefois, dans la déclaration faite aux enquêteurs de la CPI, dont M. Haynes a lu des extraits devant la Cour, le témoin a indiqué que l’incident avait impliqué 50 soldats de la milice et 22 femmes.
« Devons-nous ignorer ce que vous dîtes et préférer ce qui est dans la déclaration ? », a demandé l’avocat de la défense.
« Je m’en tiens à ce que j’ai déclaré [dans la déclaration] », a répondu le témoin.
Dans son précédent témoignage apporté devant la Cour, ces deux viols sont ceux auxquels M. Ossibouyen a assisté lors des 19 jours pendant lesquels il aurait transporté en ferry les troupes de M. Bemba sur la rivière Oubangui. Mais cet après-midi, le témoin a revu le nombre des évènements à trois.
« Je vous confirme le fait qu’il y en eu trois. Je n’ai pas dit 10 ou 20 », a-t-il indiqué.
M. Ossibouyen a imputé les divergences à la fatigue ou à des erreurs de traduction.
Contrairement aux affirmations des procureurs, M. Bemba nie qu’il avait connaissance du fait que ses soldats commettaient des meurtres, des viols et des pillages en RCA et d’avoir choisi de ne pas les contrôler. Son procès à la CPI dure depuis près d’un an et 32 des 40 témoins à charge ont été jusqu’à présent entendus.
Un nouveau témoin devrait débuter son témoignage demain après-midi.