Aujourd’hui, les procureurs ont appelé à comparaître un témoin qui a décrit les réunions qui s’étaient tenues entre le chef de l’opposition congolais Jean-Pierre Bemba et ses soldats, lors desquelles l’accusé de crimes de guerre aurait exprimé sa solidarité avec ses troupes indisciplinées.
Un ancien membre de la milice de M. Bemba, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), a décrit des incidents au cours desquels l’accusé avait rencontré ses combattants au Point Kilomètre 12 ou PK 12, près de la capitale centrafricaine Bangui, ainsi qu’au Point Kilomètre (22), à Bossembele et à Mongoumba.
« Il a parlé aux soldats qui étaient près de la route menant au Cameroun. Il les a félicités pour le travail qu’ils avaient accompli. Il a regonflé leur moral et leur a exprimé son soutien », a précisé le ‘‘témoin 213’’, qui a débuté son témoignage d’aujourd’hui avec une déformation numérique du visage et de la voix destinée au public afin de protéger son identité. Il a rappelé que l’accusé avait déclaré à ses troupes qu’il les surveillerait depuis sa base congolaise et « qu’il n’abandonnerait jamais ses soldats ».
Les lieux où le témoin avait indiqué que l’accusé s’était adressé à ses soldats figurent parmi les zones dans lesquelles les procureurs affirment que la milice de M. Bemba a perpétré des viols, des meurtres et des pillages en République centrafricaine (RCA) entre 2002 et 2003.
M. Bemba a nié avoir exercé un commandement et un contrôle effectifs sur ses troupes une fois que celles-ci avaient traversé la frontière congolaise, arguant qu’elles étaient ensuite passées sous le commandement des autorités congolaises. Ses combattants étaient présents dans le pays pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à combattre une rébellion armée.
Le témoin a décrit des réunions « de préparation » destinées aux opérations se déroulant en RCA, indiquant que la première avait réuni l’accusé et le ministre de la défense centrafricain. Il a déclaré que cette réunion avait eu lieu à Gbadolite, une ville congolaise où la milice de l’accusé avait son quartier général.
Le témoin a indiqué que des « questions financières » avaient été abordées lors de cette réunion mais l’audience s’étant ensuite poursuivie à huis clos, il a été impossible d’en connaître les détails.
Le ‘‘témoin 213’’ a déclaré que M. Bemba avait tenu d’autres réunions lors desquelles il avait ordonné à ses officiers de rassembler ses troupes, de préparer les équipements militaires et de renseignement ainsi que les plans opérationnels pour la mission centrafricaine.
« Il a indiqué au chef d’état-major que des renforts viendraient de Tripoli à Gbadolite », a relaté le témoin qui a rappelé que les renforts étaient arrivés de la capital libyenne Tripoli après un délai de trois jours, avec des armes, des munitions et des avions de chasse.
Le témoin a également déclaré que la troisième réunion avait eu lieu dans la ville congolaise de Zongo, « le même jour que celui où les troupes s’étaient rendues en RCA » et que le but de cette réunion était pour M. Bemba de « regonfler » le moral de ses soldats et de « donner l’ordre d’avancer vers Bangui ». D’autres détails sur cette réunion ont également été donnés à huis clos.
En séance publique, le témoin a affirmé que la réunion avait eu lieu dans un hangar de l’aérodrome de Zongo et que de 2 500 à 3000 soldats du MLC y avaient été rassemblés. Il a indiqué que les généraux Dieudonné Amuli et Mustafa Mukiza, deux commandants supérieurs du groupe de l’accusé, participaient à cette réunion.
Interrogé par l’avocat de l’accusation Jean-Jacques Badibanga pour savoir si d’autres réunions avaient eu lieu dans le cadre des opérations centrafricaines planifiées, le témoin a répondu : « Les [autres] réunions se sont tenues dans la demeure de [M. Bemba] et nous n’y avions pas accès ».
Le procès se poursuivra demain matin avec la suite de la déposition du ‘‘témoin 213’’.