Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Vendredi, la victime de crimes de guerre Judes Mbetingou a décrit aux juges une visite de Jean-Pierre Bemba dans la ville de Sibut en République centrafricaine (RCA) à l’époque où les troupes du chef d’opposition congolais auraient agressé les civils dans la région.

La victime, qui témoignait pour la deuxième journée, a déclaré que la visite avait eu lieu en mars 2003. Il a indiqué que l’accusé était arrivé par hélicoptère et avait atterri sur un terrain de football de Sibut situé près d’un hôpital, sur la route menant à la ville de Begua.

« Lorsqu’il est arrivé, il s’est d’abord rendu à a la base [militaire] puis au marché. Il a marché lentement tout en saluant les gens », s’est remémoré la victime. « Ensuite, il s’est rendu au marché pour acheter des crêpes. Une femme a voulu lui rendre sa monnaie mais il l’a refusée ».

Alors que les habitants tentaient de s’approcher de l’endroit où se trouvait M. Bemba, ils avaient été arrêtés par ses troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qui contrôlaient la ville à l’époque. M. Mbetingou n’a pas précisé s’il connaissait l’objet de la visite et s’il y avait eu des réunions entre le chef de la milice en visite et les habitants de la ville assiégée.

Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) accusent les soldats de M. Bemba d’avoir agressé des civils à Sibut et dans d’autres villes de la RCA entre 2002 et 2003. Á cette époque, les soldats congolais figuraient parmi les forces participant au conflit armé qui a ravagé le pays voisin. Bien que M. Bemba n’ait pas été personnellement impliqué dans le conflit de ce pays, il est, en tant que commandant en chef, jugé pour manquement à contenir ses troupes qui auraient perpétré les viols, les meurtres et les pillages. Il a nié les charges.

Les procureurs soutiennent que M. Bemba avait connaissance des crimes que ses soldats commettaient car il a entretenu des contacts réguliers avec ses commandants présents sur le front. Ils ont également affirmé qu’il avait effectué des visites dans le pays en conflit pendant lesquels les habitants l’avaient informé des crimes que ses troupes commettaient.

Aujourd’hui, entretemps, M. Mbetingou a déclaré au procès que certains maris de Sibut avaient été « punis » par les combattants du MLC après que leurs femmes les aient signalés aux troupes congolaises.

« Les femmes étaient allées se plaindre aux Banyamulenge [soldats congolais] de leurs maris et ils ont été battus », a-t-il déclaré.

Du fait de cette « mauvaise punition » infligée aux maris, les femmes avaient été « effrayées » et avaient arrêté de se plaindre au MLC. Il a indiqué avoir eu connaissance de trois cas de maris fouettés.

Interrogé par l’avocat des victimes Marie-Edith Douzima-Lawson pour savoir si le fait d’avoir assisté à de tels actes l’avait effrayé, il a répondu par l’affirmative. « Comment ne pas être effrayé ? Comment ne pas avoir peur de cannibales ? »

M. Mbetingou est la deuxième victime à témoigner au procès Bemba. Il a relaté les pillages et viols généralisés commis par les soldats du MLC lors de leur arrivé à Sibut le 24 février 2003. Il a affirmé que, dans certains cas, les biens volés ont été revendus à leurs propriétaires. Il a également indiqué que les troupes congolaises buvaient beaucoup d’alcool, fumaient du cannabis et ne « rendaient des comptes à personne ».

Après l’occupation de deux semaines de Sibut par le MLC, la ville a été occupée par les forces armées du pays, connues sous le nom de Forces Armées Centrafricaines (FACA). Il a déclaré qu’avant l’arrivée des troupes de M. Bemba et après leur départ, sa ville n’avait subi aucune atrocité.

Le procès, qui a débuté en novembre 2010, est entendu par les juges Sylvia Steiner (juge président), Joyce Aluoch et Kuniko Ozaki.

M. Mbetingou poursuivra son témoignage lundi matin prochain.

 

1 Commentaire
  1. Pourquoi la CPI ne deviendrait pas tout simplement CPIA (cours penal international d’afrique) car force est de croire que cet instrument est fait pour mâter les dirigeants Africains qui ne veulent pas prendre conscience.


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