Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Judes Mbetingou, la deuxième victime à témoigner au procès de Jean-Pierre Bemba, a raconté aujourd’hui les pillages et viols généralisés commis par les soldats appartenant à la milice de l’accusé dans la ville de Sibut en République centrafricaine (RCA).

Affirmant que les habitants de la ville « n’oublieront jamais ce qu’ils ont subi », M. Mbetingou a déclaré au procès que les troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) étaient arrivées à Sibut le 24 février 2003 à 13h00.

Dès leur arrivée, les soldats congolais avaient poursuivi les pillages sans distinction des biens des habitants de la ville. « Ils ont tout dévasté », a indiqué M. Mbetingou, dont les biens ont également été pillés par les soldats déchaînés.

« Hormis le pillage des biens des habitants, savez-vous si les Banyamulenge [soldats congolais] ont fait autre chose à Sibut ? », a demandé l’avocat de la victime Marie-Edith Douzima-Lawson.

« Il a eu plusieurs cas de viol de filles de 10 ans », a-t-il répondu. Il a indiqué qu’une femme aurait été violé par 20 soldats et que certaines femmes agressées étaient mortes à la suite des viols. Il a été cependant incapable de donner le nombre de ces femmes agressées.

« Les filles avaient honte de dire qu’elles avaient été violées par les Banyamulenge. Elles avaient peur d’être stigmatisées », a-t-il expliqué. Il a déclaré avoir appris ces incidents lorsqu’il avait aperçu des filles courir nues.

M. Mbetingou a indiqué que les soldats de M. Bemba affirmaient avoir été envoyés pour « libérer » la ville où l’on pensait que les forces rebelles dirigées par François Bozizé étaient basées. Il a indiqué que les rebelles n’étaient plus à Sibut lorsque le MLC est arrivé et cette arrivée avait tout simplement semé « la panique dans la ville ».

Sibut est une des villes centrafricaines dans lesquelles les procureurs affirment que les combattants du MLC, sans entraînement militaire approprié et ignorants du code de conduite du groupe, ont agressé les civils lors du conflit armé qui a ravagé ce pays en 2002-2003. À cette période, les forces rebelles menées par le président actuel du pays, M. Bozizé, combattaient le régime du président de l’époque, Ange-Félix Patassé.

M. Patassé avait invité les troupes congolaises afin de renforcer ses forces loyalistes. M. Bemba est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) depuis novembre 2010 et nie les cinq charges retenues contre lui découlant de son prétendu manquement à arrêter et punir ses soldats qui, selon les procureurs, ont perpétré les viols, les meurtres et les pillages.

Entretemps, plus tôt dans la journée, Pulchérie Makiandakama, la première victime à se présenter à la barre a conclu son témoignage. Mme Makiandakama, dont le témoignage a commencé mardi, a déclaré à la Cour avoir été violée collectivement par des soldats appartenant à la milice de l’accusé. Elle a décrit les pillages et les meurtres perpétrés dans la localité de Mongoumba. La défense de M. Bemba a souligné les nombreuses incohérences existant entre son témoignage devant la Cour et ses déclarations enregistrées par les fonctionnaires de la Cour en 2010.

M. Mbetingou poursuivra son témoignage demain matin.

 


Contact