Jean-Pierre Bemba in court
qui est Jean-Pierre Bemba Gombo

Par Wakabi Wairagala

Prosper Ndouba, l’ancien porte-parole de l’ancien président de la République centrafricaine (RCA), Ange-Félix Patassé, a débuté son témoignage pour la défense de Jean-Pierre Bemba, qui est jugé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

C’est M. Patassé qui avait invité les soldats de M. Bemba dans le conflit armé de 2002-2003 lorsqu’il avait rencontré une rébellion armée menée par son ancien chef d’état major François Bozizé.

M. Ndouba a relaté son enlèvement par les forces de M. Bozizé et a également raconté aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) les atrocités commises par ses ravisseurs lors de « 38 jours d’enfer » pendant lesquels ils l’avaient retenu en otage.

« J’ai vu des gens être torturés et battus, j’ai assisté à des pillages, à des massacres », a témoigné l’ancien porte-parole.

Il a déclaré avoir occupé le poste de porte-parole et de conseiller du président Patassé en août 1999. Il était chargé de la communication, notamment de l’annonce des instructions et des décisions du président aux centrafricains.

M. Ndouba a indiqué que le 25 octobre 2002 a été le jour où sa vie « a basculé ». Deux hommes armés, qu’il a décrits comme étant des « mercenaires tchadiens » qui parlaient un « français approximatif », avaient pris sa voiture en embuscade à Bangui, la capitale de la RCA. Ils l’avaient emmené dans une station-service située à la périphérie de Bangui dans laquelle ils l’avaient gardé deux jours sans manger et boire.

Une fois que les rebelles s’étaient assurés qu’il était « une personne d’intérêt », ils avaient voyagé avec le témoin dans la banlieue de Bangui, le Point Kilomètre 12 (PK 12), dans la ville de Damara puis au Tchad. M. Bozizé aurait ordonné à ses hommes de s’assurer que rien de fâcheux n’arrive à M. Ndouba. Par conséquent, quatre rebelles avaient été assignés pour le garder en permanence.

« J’ai subi de la torture mentale. J’ai des problèmes de santé et pendant ces 38 jours je n’ai pas pu prendre mes médicaments », a-t’il déclaré.

M. Ndouba a indiqué qu’il a été libéré le 1er décembre 2002 à la suite de pressions exercées par la Croix rouge et le gouvernement français.

En 2001, M. Patassé a révoqué son chef d’état-major, François Bozizé, l’accusant de complicité dans une tentative de coup d’état. Cela a poussé M. Bozizé, avec le soutien de tchadiens, à se lancer dans une campagne armée pour prendre le pouvoir. Le président menacé a demandé à la Libye et au Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de l’aider à combattre la rébellion. Il a été destitué en mars 2003 ; il est décédé cette année.

M. Bemba est jugé pour manquement présumé à contenir ses soldats du MLC qui auraient commis des actes de violence sur des civils centrafricains lors de leur intervention dans le pays voisin. Il a nié les accusations de viols, de meurtres et de pillages, arguant que, une fois que ses soldats étaient sortis du territoire congolais, ils étaient passés sous le commandement de M. Patassé. Il a ensuite soutenu que n’importe quel autre groupe participant au conflit pouvait avoir perpétré les crimes présumés.

Selon le témoin, environ 400 rebelles de M. Bozizé contrôlaient la totalité de Bangui et de ses environs immédiats pendant sa captivité. Il n’y avait pas d’autres hommes armés », a-t-il déclaré.

L’avocat de la défense Peter Haynes a demandé au témoin comment la population avait réagit à la présence des rebelles. M. Ndouba a répondu que la population locale était « terrorisée » et « effrayée » et se cachait dans les maisons. « Il n’y avait personne dans les rues », a-t’il indiqué.

M. Ndouba a déclaré que les rebelles avaient pillé « tous les biens qu’ils trouvaient », y compris les téléphones portables, les voitures et le bétail. La propre maison du témoin avait été pillée et une pierre tombale qu’il avait achetée pour la tombe de son père avait été volée. Il avait également assisté à la torture de deux jeunes hommes puis avait entendu des coups de feu peu de temps après. Ses ravisseurs l’avaient informé que ces personnes avaient été tuées.

Le témoin a indiqué que les combattants de M. Bozizé avaient violé la fille d’un fonctionnaire renommé du gouvernement de M. Patassé. Il a donné les détails de cet évènement à huis clos.

Entretemps, plus tôt dans la journée l’expert en linguistique, le professeur Eyamba George Bokamba a conclu son témoignage.

Le procès se poursuivra lundi matin avec la suite de la déposition de M. Diouba.

 


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